Je me souviendrai toujours de toi… tu avais de beaux yeux bleus qui reflétaient la lumière du ciel au travers de tes petites lunettes argentées. Tu étais adorable et, pour cette même raison, tu étais souvent entouré d’amis dans la cour de récréation.
Tu avais une façon bien à toi de te placer debout, bien droit, comme un petit roi, pour me raconter les détails de ta soirée, toujours à quelques pouces de mon nez. Je pourrais facilement m’en satisfaire et croire que c’était parce que mon climat de classe positif était bien installé, que mes activités de connaissance de soi et des autres avaient créé des liens d’intimité, que mon approche t’avait impressionné assez pour que ton respect soit gagné. Ce comportement, sans être inquiétant, était quand même particulier. Que signifiait-il?
Je me suis mise à investiguer, question de me rassurer. Était-ce pour mieux entendre que tu devais te rapprocher? Alors, cette hypothèse a été testée. Peu importe la distance entre nous, tu comprenais tout. Tu répondais à mes questions sans difficulté. Donc, pas de problème d’audition. Ça ne pouvait être mon parfum qui t’attirait puisque leur chimie synthétique m’empêchait d’en porter sans que mes yeux se mettent à pleurer. L’odorat pouvait donc être éliminé. Est-ce que ta vision devait être vérifiée? Pourtant, le jour d’avant, tu avais expliqué avec fierté l’acquisition de ces verres nouvellement achetés.
Vient la soirée de parents et le mystère a été élucidé assez rapidement. J’ai tout compris lorsque je t’ai vu dans le corridor avec ta maman adorée. Tu te tenais devant elle avec cette même distance écourtée. Le tout semblait tellement naturel! Et c’est alors que mon regard s’est porté sur une canne blanche fidèlement accrochée à sa main. C’était sa vue et non la tienne qui t’avait enseigné l’importance de la proximité. Tu avais appris à te rapprocher par délicatesse pour celle qui t’avait donné la vie et qui avait besoin de te voir même si c’était de façon ombragée. Plus besoin de chercher! Tu étais parfait comme tu étais!
Carole