Causeries pédagogiques

Voici une série de causeries pédagogiques portant sur des sujets qui touchent de près ta réalité en tant qu’enseignante ou enseignant dans une école de langue française de l’Ontario. Découvre-les! Tu y trouveras peut-être des perspectives qui t’inspireront ou t’éclaireront.

Tu peux les visionner en format vidéo ou les télécharger en format audio pour les écouter en balado.

Les débuts en enseignement

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Avis aux lectrices et aux lecteurs

Cette vidéodescription présente en alternance la description visuelle des éléments qui apparaissent à l’écran et les propos des personnes qui parlent.

Il s’agit d’une visioconférence entre trois personnes. Lorsqu’une personne parle, elle apparaît en gros plan.

Description visuelle et sonore

Logo « Moi, j’enseigne! » et titre « Les causeries pédagogiques ». On entend une musique instrumentale.

Vincent Poirier

Bonjour bonjour et bienvenue à cette causerie pédagogique Moi, j’enseigne!. Le but de la causerie, c’est très simple, c’est de vous donner de l’appui à vous, les enseignantes et les enseignants des écoles de langue française de l’Ontario. C’est de vous aider à améliorer votre pratique. Cette fois-ci, on parle d’être un nouvel enseignant. On le sait que les premiers mois en enseignement sont intenses. On a des invités qui vont vous parler de leurs états d’âmes, de leurs inquiétudes, des défis en début de carrière, mais on espère aussi qu’ils vont vous faire comprendre que c’est une profession extrêmement gratifiante.

Moi, je m’appelle Vincent Poirier. Je suis ici pour animer. Je n’ai jamais été un nouvel enseignant, mais mes trois invités le sont depuis quelques années. Notre premier invité, c’est Frédéric Gansimb, qui est à sa deuxième année d’enseignement à Oshawa, dans le sud de l’Ontario. Salut, Frédéric, comment ça va?

Frédéric Gansimb

Bonsoir, ça va bien et toi?

Vincent Poirier

Ça va très bien, merci. Toi, tu as aussi une formation d’infirmier. À quel point tu peux jumeler tes deux formations?

Frédéric Gansimb

À la base, je me suis juste formé comme infirmier, mais je n’ai jamais exercé de ma vie. C’est juste une formation comme tant d’autres. J’ai plutôt choisi de faire carrière dans l’enseignement.

Vincent Poirier

C’est bon. Notre deuxième invitée, Céleste Constan Rodriguez, une fille du nord de l’Ontario. Sa quatrième année d’enseignement. Tu enseignes présentement au secondaire à Sudbury et, fait intéressant, tu as fait partie de l’équipe canadienne de lutte, Céleste?

Céleste Constan Rodriguez 

Oui, c’est ça. J’ai participé sur l’équipe pour quelques années. C’est fantastique. J’ai voyagé partout du monde. J’ai rencontré plein du monde du Canada. [inintelligible 00:01:44] plaisir et ça fait que j’ai des belles histoires à partager avec mes élèves.

Vincent Poirier

Je n’en doute pas. Des fois, est-ce que tu as le goût de mettre tes techniques de lutte en pratique sur tes élèves?

Céleste Constan Rodriguez 

Non, ça revient [RIRE], mais c’est okay [RIRE].

Vincent Poirier

Officiellement, on va dire que non. Notre troisième invité, c’est Sébastien Goyer, enseignant depuis trois ans dans la grande région de North Bay. Première année avec un poste permanent, Sébastien. À quel point ça fait du bien d’avoir un poste permanent?

Sébastien Goyer

Extraordinaire. Je pense que ça enlève un stress que, chaque été, d’essayer de combler le revenu manquant. Mais, moi, je suis chanceux, c’est un premier poste permanent, mais aussi dans l’école où j’ai fait presque tous mes stages et où ma fille va. C’est un peu magique pour moi, cette année.

Vincent Poirier

Ah wow! C’est beau. C’est une très belle situation ça. Vous savez, votre travail d’enseignants et d’enseignantes a un impact direct ou indirect sur les vies de tout le monde sur la planète Terre. Puis, d’être sensibilisé, je pense, à vos réalités, ça nous aide à mieux comprendre votre rôle, mais aussi à quel point vous avez un travail exigeant, et parce que, oui, il y a encore des braves qui choisissent l’enseignement de nos jours et on les remercie. On va commencer avec la base. Frédéric, toi, qu’est-ce que tu as aimé de tes premières années en enseignement?

Frédéric Gansimb

C’est simple. Ce que moi j’ai pu aimer et pu voir, c’est juste que je deviens un modèle pour des jeunes. Un enseignant qui est un modèle pour les jeunes par rapport à ta façon de faire, par rapport à ta façon d’être. Certains jeunes s’identifient à toi et, des fois, te disent qu’ils veulent te ressembler. Ça, c’est quelque chose qui va te chercher et qui fait que ça te pousse à te lever tous les matins, à avoir du punch pour aller bosser. C’est quelque chose que moi, j’ai pu vraiment apprécier de notre profession.

Vincent Poirier

C’est fort. Je mets n’importe qui au défi, Céleste ou Sébastien, de battre ça [RIRE] comme chose qu’on a aimée.

Sébastien Goyer 

Moi, l’enseignement, c’est une profession plus tardive. J’ai commencé en enseignement à l’aube de ma quarantaine. Ça m’a permis de rester jeune. Et puis, c’est un petit velours [inintelligible 00:04:11]. Aussi, quand tu vas au magasin, puis les jeunes te voient : « Eh! c’est monsieur Séb! », puis que ça fait quelques années que tu leur as enseigné, de voir qu’ils se souviennent encore de toi, ça veut dire que tu as fait un impact dans la vie de cet enfant-là.

Vincent Poirier

C’est fort. Céleste?

Céleste Constan Rodriguez 

Vous avez bien expliqué justement les beautés de l’enseignement, que les élèves voient un peu de toi en eux. Il se sent inspiré. Moi, j’adore ça. Quand j’ai mentionné un peu les histoires de lutte, ça fait que c’est le fun de partager. Puis, je trouve que j’ai amassé assez de connaissances de la vie que j’aime partager avec les élèves. Pour moi, j’aime ça les faire d’aller lancer, foncer dans tous les rêves.

Vincent Poirier

Oui. Céleste, on reste avec toi–

Frédéric Gansimb

Mais, Vincent–

Vincent Poirier

Oui, vas-y.

Frédéric Gansimb

En plus de tout ce qu’on a dit là, c’est que moi, issu de l’immigration, le fait d’être enseignant me permet d’apprendre sur la culture, d’apprendre sur les us qu’il y a. On apprend tous les jours. Un enseignant, toi aussi, tu apprends, comme Sébastien l’a dit, ça te maintient en éveil permanent. Tu as cet éveil, tu as cette curiosité permanente et tu apprends de ces jeunes-là. Ça, c’est quelque chose de formidable et de magnifique en plus.

Vincent Poirier

Ça, je n’en doute pas. Tu es en immersion complète à tous les jours dans une culture canadienne dans le fond. Céleste, toi, tu es la doyenne du groupe en termes d’années d’expérience. Qu’est-ce que tu as trouvé de difficile dans tes premières années?

Céleste Constan Rodriguez 

Les choses qui étaient les plus difficiles, c’était peut-être juste gérer tout, en tant que gérer la matière, les attentes, les projets, puis les élèves, apprendre à les connaître, c’est quelle sorte de [inintelligible 00:06:00] classe que je devrais faire. On parle de respecter la zone proximale du développement de l’élève, mais comme jeune enseignant ou débutant, je devrais dire, c’est que, aussi, c’est surchargé, on apprend beaucoup. Des fois, ça devient assez tough et c’est des longues journées. Je peux dire là que je rentre dans ma quatrième année, que ça va mieux, puis ça va mieux aller au fil des années.

Vincent Poirier

On arrive à se sortir la tête de l’eau, à un moment donné. Soyez rassurés, tout le monde qui nous écoute [RIRE]. Sébastien, de ton bord?

Sébastien Goyer

Moi, je dirais que c’est les formations, c’est les évaluations, c’est toute l’administration d’être un nouvel enseignant. Tu arrives, il faut que tu passes à travers de ton PI, PN, PE. Puis, il y a plein de choses qu’on te garroche. En plus de ça, si tu n’as jamais fait d’enseignement, si ce n’était pas oeuvré avec des jeunes, d’apprendre justement à comment interagir avec des jeunes. Donc, c’est des fois de t’ajuster à des clientèles qui sont un peu plus différentes, puis à des postes qui sont un peu plus demandants au niveau de ton investissement au travail.

Vincent Poirier

Oui, j’avoue, j’avoue. Frédéric, c’est quoi le meilleur conseil que tu as reçu jusqu’à présent, qui t’a aidé dans tes premières années?

Frédéric Gansimb

Simplement, il faut d’abord avoir confiance en soi, avoir confiance en toi dans cette profession aussi et aussi, être ouvert à écouter les anciens qui te donnent des bonnes stratégies pour pouvoir t’en sortir. Parce que, pour revenir à ta dernière question, quand tu viens d’arriver dans notre profession, tu ne choisis pas ton poste. Des fois, on te met dans un poste– On te recrute à la veille de la rentrée, généralement. Tu n’as pas le temps de faire toute cette préparation que d’autres font pendant les deux mois de vacances, donc tu es lancé dans le bain.

Si tu n’as pas des bonnes personnes qui t’entourent, tu peux démissionner [RIRE] au tout début, parce que la pression des courriels, tout ce qui arrive, te fait paniquer. Mais, écouter les autres, aller vers les autres, être ouvert aux autres, ça aide beaucoup. Eux autres, ce sont nos collègues les plus anciens, tes collègues de même palier. Tu es en cinquième année, tu collabores avec ton collègue de cinquième année, des fois, il te partage les ressources, parce qu’on a un problème. Nous, qui avons commencé en période de pandémie, on avait ce défi d’abord de technologie.

Tu rentres dans une profession qui est nouvelle et tu as le défi de la technologie, passer en ligne. En ligne, il faut passer à la gestion de classe, parce que ce n’est pas évident en ligne. En classe, c’est un grand défi, mais, encore, en ligne, c’est un autre défi. Pour ça, il faut beaucoup aller parler avec ses collègues et être ouvert aux suggestions.

Vincent Poirier

Je pense que c’est une excellente suggestion. Céleste et Sébastien, quels conseils vous aimeriez qu’on vous donne, ou qu’est-ce que vous auriez aimé savoir avant de commencer votre carrière?

Céleste Constan Rodriguez 

J’étais prêt, mais pas assez prêt, parce que je ne l’ai pas vécu dans le réel. De me dire aussi peut-être de vraiment bien gérer mon temps et d’avoir du temps pour moi aussi, parce que travailler à l’école et puis venir à la maison pour faire des leçons encore, là tu te rends fou et tu veux lâcher la carrière au complet, parce que tu ne prends pas le temps pour toi. Peut-être un peu plus de self care, mental health, genre, ça serait important.

Vincent Poirier

Ah okay! C’est bon. Séb?

Sébastien Goyer

Moi, c’est si on m’avait dit qu’une rentrée scolaire m’aurait fait perdre tous mes cheveux-

[RIRE]

-je ne sais pas si j’aurais retourné.

Vincent Poirier

Frédéric a vécu la même chose.

Sébastien Goyer

Oui. En ce moment je regarde Fred puis moi, on est dans le même bateau. Moi, la rentrée scolaire–

Vincent Poirier

Frères de crâne.

Sébastien Goyer

C’est ça. La rentrée scolaire pour moi, on n’était pas prêts pour ça. À l’université, lorsqu’on va en stage, on va en stage dans les temps, moi, ce que j’appelle les temps joyeux où tu vas en stage juste avant Noël, puis comme juste après Pâques [inintelligible 00:10:46]. T’as le printemps qui arrive, tout le monde est de bonne humeur, tu as Noël qui arrive, tout le monde est de bonne humeur. On ne voit pas la rentrée scolaire. D’établir un contact avec les enfants, mais je dois dire, dans mon cas, j’ai eu des mentors extraordinaires, j’ai eu des enseignants et enseignantes chevronnés, puis je pense que, moi, les trois conseils qu’on m’a donnés, c’était un, de t’amuser.

Si on ne s’amuse pas, on n’a pas de plaisir à enseigner, puis ça paraît au niveau des jeunes. Les jeunes le ressentent. Ils ne sont pas fous. Si on ne prend pas plaisir à faire ce qu’on fait, eux, ils vont le sentir. Vivre chaque moment présent. Ce n’est pas enligner toujours vers : « Mes bulletins s’en viennent– » Non. Vivre le moment présent que tu vis avec les élèves. Vis le concret. Aujourd’hui, moi j’enseigne en mat./jardin [inintelligible 00:11:42]. J’en ai une aujourd’hui qui a réussi à m’écrire un cinq, un très beau cinq, pas un cinq inversé, un cinq vrai : « Je suis là, je suis gros, puis je mets mon chapeau », et tout était beau. C’est ça.

Puis moi, étant père de famille, j’aime cette fille de neuf ans en quatrième année, puis de prendre le temps aussi pour elle, de ne pas juste vivre ma profession, mais c’est d’être là pour mon enfant, puis on dit équilibre, travail, famille, tellement important, si tu veux– On dit un marathon, il faut que tu apprennes à gérer ton temps dans la course pour pouvoir finir. C’est un peu comme ça. Tu sais, ta famille est là pour toi, ton environnement familial est là pour toi. Puis, c’est de te garder en lien pour finir la course en fin d’année scolaire.

Vincent Poirier

C’est fort. Toi, Céleste qu’est-ce qui t’a fait accrocher vraiment à la profession dans ces quatre années-là?

Céleste Constan Rodriguez 

Je dirais c’est la vie culturelle des écoles, c’est le sport, les arts, les clubs. C’est tout le fun, les jeux, l’école qui garde les élèves attirés et venir à l’école. C’est moi aussi une raison j’aime la carrière, puisque là, je peux aller plus en profondeur, les relations avec les élèves, comment les motiver. En tout cas, c’est ça qui me garde collée, accrochée à l’école. En tout cas, même aujourd’hui, j’ai eu des super belles discussions avec mes élèves, puis ça m’a fait rayonner, sentir bien. J’ai une bonne journée. C’est ça.

Vincent Poirier

C’est fou. Ce que je retiens de ce que vous dites, c’est que, oui, il y a des obstacles et des moments difficiles, mais on ne s’ennuie pas à l’école. On a du plaisir et il y a une vie culturelle, sportive, nos collègues deviennent comme une deuxième famille, il y a vraiment quelque chose qu’on peut retirer de ce métier-là pour nous faire grandir dans la vie en général. C’est à peu près ça que vous dites?

Frédéric Gansimb

Oui, en plus de tout ce que tu viens de dire, Vincent, dans notre profession le mental est fondamental. Le mental, c’est qu’il faut– Malgré tout ce que tu as vécu en une journée, ça doit rester à la porte de l’école, et tu dois rentrer chez toi et faire table rase. Aussi, la beauté de notre profession, c’est aussi ces petites victoires-là qu’on engrange au fil des jours. Oui. C’est ces petites victoires-là auprès de nos élèves. Un élève qui arrive ne sachant pas lire, à la fin de l’année, il se met à lire, tu es fier de toi, tu donnes un sens à pourquoi tu te lèves chaque matin pour aller au travail. Ça donne tout le sens à ce qu’on fait.

Vincent Poirier

Oui. Vous avez un impact immesurable sur les adultes de demain, et on vous remercie. Je vous remercie tous les trois. C’est déjà fini. Merci, Frédéric, merci, Céleste, merci, Sébastien, et merci à tous les enseignants, les nouveaux enseignants qui se lancent dans l’aventure. Merci d’être là, c’est tellement important, et on a besoin de vous. Pour ceux qui nous écoutent, si vous cherchez d’autres appuis, d’autres conseils, je vous dirige vers le site Web moijenseigne.ca. Le but, c’est vraiment d’offrir un accompagnement sur mesure aux enseignantes et aux enseignants franco-ontariens.

Là-dessus, il y a d’autres causeries comme celles-ci qui parlent d’autres sujets. Il y a des vidéos d’autoformation, des capsules pédagogiques. Il y a un service de mentorat. Vous avez beaucoup parlé de l’importance d’avoir un mentor. Il y a un service d’appui où vous pouvez appeler quelqu’un et jaser et poser vos questions. moijenseigne.ca, c’est là pour vous. Merci à vous trois. Je m’appelle Vincent Poirier. À la prochaine!

Céleste Constan Rodriguez 

Merci, ciao.

Sébastien Goyer

Merci, bye bye.

Description sonore

On entend une musique instrumentale.

Description visuelle

Logo « Moi, j’enseigne! » et titre « Appui au personnel enseignant ».

Logo du Centre franco, drapeau franco-ontarien, logo du gouvernement de l’Ontario et celui du gouvernement de l’Ontario.

Texte : « © Le Centre franco, 2021 Tous droits réservés. »

Texte : « Le Centre franco a élaboré ce site Web grâce au financement du ministère de l’Éducation de l’Ontario et du gouvernement du Canada. »

Cultiver son bien-être

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Avis aux lectrices et aux lecteurs

Cette vidéodescription présente en alternance la description visuelle des éléments qui apparaissent à l’écran et les propos des personnes qui parlent.

Il s’agit d’une visioconférence entre trois personnes. Lorsqu’une personne parle, elle apparaît en gros plan.

Description visuelle et sonore

Logo « Moi, j’enseigne! » et titre « Les causeries pédagogiques ». On entend une musique instrumentale.

Vincent Poirier

Salut tout le monde et bienvenue à cette causerie pédagogique Moi, j’enseigne. Le but de la causerie est très simple, c’est de vous donner un appui, à vous les enseignantes et les enseignants des écoles de langue française de l’Ontario. Notre but, c’est de vous aider à améliorer votre pratique d’enseignement. Cette fois-ci, on parle de gérer son bien-être. Il faut prendre soin de soi pour être capable de prendre soin des autres.

En tant qu’enseignantes et enseignants, vous vivez des joies, mais vous vivez aussi des défis. Vous n’êtes pas les seuls à vous remettre en question, à chercher le bon équilibre de vie. Ça, je vous le garantis.

Je m’appelle Vincent Poirier, je suis ici pour animer. Je ne suis pas enseignant, mais moi aussi, je cherche à être heureux, je me remets en question. Par exemple : est-ce que j’ai bien choisi de mettre cette chemise-là avec ce veston-là? Je ne sais pas, mais mes deux invités se posent des questions un peu plus pertinentes. Notre première, c’est Daphné Wallbridge, agente de supervision dans le nord de l’Ontario, mais aussi autrice de deux livres, un sur l’autodétermination pour les femmes et un autre pour les directions d’école qui en sont à leurs premières années. Daphné, d’où vient ce désir-là d’aider les autres?

Daphné Wallbridge

J’adore pouvoir collaborer avec les gens qui commencent leur carrière. J’aime partager l’information. J’aime apprendre et partager ça. De là, j’ai décidé d’écrire deux livres.

Description visuelle

Daphné Wallbridge rit.

Vincent Poirier

J’ai vu qu’ils sont en vente sur Amazon. Garrochez-vous là-dessus, tout le monde. [RIRE] Notre deuxième invitée, c’est Rabia Abderahim, une enseignante ressources et conseillère en orientation à Kingston. Rabia n’a pas publié de livres, mais elle a un lapin qu’elle a nommé d’après elle-même, qui s’appelle Rabio. Lorsque t’étais enseignante en première année, Rabio, c’était ton animal en salle de classe pour aider les élèves anxieux. Est-ce que ça a fonctionné?

Rabia Abderahim

Ça a super bien fonctionné. Je pense que c’était aussi pour répondre plutôt à mon anxiété en tant que prof. Ça a aidé les élèves, et moi en tant qu’enseignante. Oui, mon lapin m’a énormément aidée à aider mes élèves. Peut-être qu’un jour, je vais écrire un livre sur mon lapin. Qui sait?

Description visuelle

Rabia Abderahim rit.

Vincent Poirier

L’autodétermination des lapins, j’aime ça. Le lapin, c’était pour le bien-être des élèves, mais tu viens de nous avouer que c’était pour le tien aussi. C’est ça qu’on veut parler aujourd’hui, de votre bien-être à vous, les enseignantes et les enseignants, parce qu’on sait que la profession enseignante peut être valorisante, mais aussi très exigeante.

Il existe des trucs, il existe des stratégies pour se sentir un peu plus en contrôle, mais il y aussi des personnes clés qui sont autour de vous, qui peuvent vous vous soutenir. Je pense que c’est vrai dans plusieurs domaines, vous allez être d’accord avec moi, pas juste dans l’enseignement. Notre bien-être au travail commence souvent par les liens qu’on crée avec nos collègues. Souvent, même, ils deviennent une deuxième famille. Daphné, est-ce que t’es d’accord avec ça?

Daphné Wallbridge

Effectivement, Vincent. Je pourrais renchérir sur ça. Surtout comme nouvelle enseignante ou nouvel enseignant, lorsqu’on arrive dans une école, c’est de tisser ces liens-là dès le début. Je pourrais en parler davantage. J’ai quelques idées à partager avec la communauté.

Vincent Poirier

Oui, vas-y.

Daphné Wallbridge

Okay. Le mentorat. Normalement, lorsque de nouvelles enseignantes ou enseignants arrivent à l’école, ils ont un mentor. Souvent ce qui arrive, c’est qu’on est attitré à un mentor, mais après ça, qu’est-ce qu’on fait? C’est bien beau d’avoir ça, mais là– Mon conseil pour le nouveau personnel enseignant, c’est de prendre rendez-vous avec ce mentor-là, de dresser une liste d’objectifs réels pour une première année.

Cette liste-là, vous pouvez la peaufiner à travers l’année, il n’y a rien d’ancré dans le béton. Au moins, d’avoir des objectifs puis de s’assurer de mettre à l’horaire des rendez-vous ponctuels avec ce mentor-là. Si ce n’est pas à l’horaire, la routine, le quotidien va se présenter, la machine à saucisse va rouler, puis on va oublier cette relation-là qui est très importante. Je ferais ça. Si on parle de bien-être, ça donne un message au nouveau personnel enseignant que je priorise mon bien-être professionnel, mais aussi mon bien-être émotionnel, parce que je m’assure de prendre soin de mes besoins tout de suite avant que le quotidien et toutes les routines, les tâches s’accumulent.

Vincent Poirier

Oui, tout à fait. Ce mentor-là, c’est un autre collègue au salon des profs, genre? C’est ça?

Daphné Wallbridge

Normalement, ça serait un enseignant ou une enseignante chevronné. Soit que la direction va assigner un mentor, mais je recommande toujours– Oui, vous pouvez travailler avec cette personne-là. Si ça adonne que vous avez les mêmes valeurs et que ça va bien, parfait. Il n’y a rien qui vous empêche, au niveau du personnel, d’aller chercher les forces des gens : « J’aime la façon qu’il innove. J’aime la façon qu’il incorpore la technologie. »

J’irais encore plus loin. J’encouragerais le nouveau personnel de demander à son mentor de venir l’observer en salle de classe et pour cette personne-là, d’aller observer son mentor, parce qu’on veut vraiment développer notre pratique pédagogique. C’est des belles façons de faire ça.

Rabia Abderahim

Oui. J’aimerais faire du pouce sur ce que tu dis, Daphné. En tant que nouvelle enseignante, souvent, quand j’étais rentrée dans mon premier poste, j’avais encore cette mentalité un petit peu de stagiaire, vu que j’avais fait mes stages juste avant. Je voulais qu’on me prenne quand même au sérieux, parce que j’étais un petit peu réservée. Je parlais juste spécifiquement pédagogie. Petit à petit, je suis sortie de cette mentalité et je me suis dit : « Éventuellement, je vais sans doute avoir besoin d’un mentor. » Je me suis dit : « Je vais juste m’ouvrir. »

Pour se trouver un mentor ou vraiment juste pour tisser des liens d’entraide ou de confiance avec les autres collègues, une des premières choses que moi j’ai faites, ce que je suggérerais aux nouveaux enseignants, ce serait d’être ouvert aux autres. C’est-à-dire de s’intéresser à l’autre, d’aborder des sujets qui ne sont pas purement pédagogiques. Ça pourrait être des–

Vincent Poirier

Parler de Casa de Papel sur Netflix.

Rabia Abderahim

Oui. J’adore ce show.

Vincent Poirier

C’est ça?

Rabia Abderahim

Oui, Netflix.

Vincent Poirier

Bah, saison 5–

Description visuelle

Les trois personnes rient.

Rabia Abderahim

Tu sais quoi, Vincent? Netflix crée vraiment des amitiés. Je ne peux pas dire : « Non ». [RIRE]

Du coup, juste poser des questions à propos de : « Comment a été la fin de semaine? » ou « En quelle année enseignes-tu? » Ou tout simplement : « As-tu des enfants? », « Comment a été ton été? », « Comment est-ce que tu te sens? » Juste la question : « Comment ça va? » fait des miracles. Ça ouvre vraiment les discussions avec les autres. C’est comme ça que j’ai créé des liens.

J’ai eu la chance d’avoir deux mentors. Une de mes mentors était une de mes collègues de première année. L’autre mentor n’était pas dans le même cycle que moi. C’est parce qu’on y est allé avec vraiment l’affinité au niveau de la personnalité. Ça a cliqué et j’ai eu vraiment un support pédagogique d’un côté, un support émotionnel de l’autre. Je me suis vite sentie comme dans une deuxième famille, parce qu’on crée des liens de confiance. Oui, c’était un bon feeling.

Vincent Poirier

Tu proposes vraiment de commencer par le social pour amadouer les gens et se rapprocher?

Rabia Abderahim

Oui.

Vincent Poirier

Comme n’importe quoi dans la vie. Rabia, je te pose une question difficile. J’espère que t’as réfléchi. Si t’avais trois verbes à choisir pour conserver un bon équilibre travail-vie personnelle, quels seraient ces trois verbes-là?

Rabia Abderahim

C’est difficile et en même temps facile de répondre à cette question parce que c’est comme des groupes de mots au lieu que ce soit un verbe. Je m’excuse, je fais mon enseignante. [RIRE] Ça serait, je dirais, tout d’abord, planifier ou être organisé du point de vue plus professionnel. Le deuxième verbe, ça serait s’amuser au travail, s’impliquer. Je dirais que le troisième verbe, ça serait décrocher à la maison. [RIRE] C’est ça, je vais m’expliquer. C’est un petit peu flou.

Vincent Poirier

Moi, c’est très clair.

Description visuelle

Vincent rit.

Rabia Abderahim

Laisse-moi encore plus t’éclairer, Vincent.

Vincent Poirier

D’accord.

Rabia Abderahim

Comme tout enseignant, ça, Daphné, tu le sais, t’es enseignante à la base, on a besoin d’une bonne planification, donc de s’accorder du temps durant la journée, puis un petit peu aussi durant l’heure après la journée d’école, pour planifier. Ça fait toute la différence parce qu’on passe une journée qui est moins stressante. Ça nous permet aussi de passer des moments qui sont agréables avec nos élèves en salle de classe. Je te dirais, c’est le côté qu’on doit accorder en tant qu’enseignant dans notre profession pour avoir–

Vincent Poirier

Arriver.

Rabia Abderahim

C’est ça. Exactement. Il y a aussi ce que je pense qui est souvent oublié par les nouveaux enseignants, parce qu’on est tellement dans le feu de l’action, c’est de s’impliquer dans le parascolaire. J’appelle ça s’amuser avec le parascolaire, avec mes élèves. Ça m’aide au niveau de la santé mentale parce que je vais joindre le professionnel, prendre soin des élèves, leur enseigner, mais aussi je vais chercher quelque chose que moi, j’aime faire en tant–

Vincent Poirier

Tes passions.

Rabia Abderahim

Oui, c’est ça. J’ai des passions un petit peu de grand-mère. J’aime bien tout ce qui est coudre. Je participais à un club humanitaire des amis de poche, où avec les élèves on faisait des petites poupées à la main. Ça, oui, c’est ma passion. C’était mon parascolaire. Ça m’a juste permis de créer des liens, vraiment, avec mes élèves, puis aussi d’aller rechercher quelque chose pour moi. Ça, c’est un parfait équilibre, je trouve, pour mon bien-être travail-vie personnelle, parce que c’est moi. Est-ce que tu veux savoir le troisième verbe ou j’ai donné trop de détails, Vincent?

Vincent Poirier

Je le comprends. Non, vas-y quand même.

Rabia Abderahim

Okay. Le troisième qui est de décrocher à la maison. Comme t’avais dit au début, ça s’applique pas mal pour n’importe quel job, mais sérieusement, c’est vraiment important l’enseignement parce que c’est une passion. On a besoin, à un moment donné, de se forcer à décrocher. Une des stratégies que j’utilise, c’est vraiment de réserver des blocs spécifiques pour travailler. Tout le reste, c’est comme de facto des blocs où je dois décrocher à la maison. Ça peut être pour ma famille, pour aller voir des amis ou alors pour faire d’autres passe-temps en dehors du travail.

Vincent Poirier

Ou pour tricoter d’autres choses.

Rabia Abderahim

Oui. J’adore tellement ça que j’avoue, je fais ça à la maison. C’est ça.

Description visuelle

Rabia ponctue sa phrase de rires.

Vincent Poirier

C’est parfait.

Rabia Abderahim

C’est ma manière d’avoir un bon équilibre vie-travail. Pour être honnête, c’est vraiment difficile au début. Je dis ça, puis c’est plus facile à dire qu’à faire. Vraiment, plus j’essaye de développer cette bonne habitude, ça s’améliore. Ce n’est pas parfait, mais j’essaye vraiment d’avoir un bon équilibre. Ça m’aide à avoir une bonne santé mentale. Vincent, je ne suis pas certaine que c’est aussi comme ça dans ta job?

Vincent Poirier

Oui, mais moi, ma job, c’est ma passion. Je travaille de la maison souvent, donc ça se mélange beaucoup.

Rabia Abderahim

Je suis un peu jalouse.

Vincent Poirier

C’est la vie. Toi, Daphné, est-ce que t’as d’autres stratégies?

Daphné Wallbridge

Rabia a très bien présenté ses verbes et je suis entièrement d’accord. Je voulais ajouter par rapport au parascolaire, qui est essentiel au bien-être, absolument, ce qui est bien aussi, c’est que l’enseignante ou le nouveau personnel, peu importe, tu peux tisser des liens avec tes élèves. Ça te donne la chance de développer ces relations-là hors des heures de classe.

Comme ça, c’est incroyable parce que là t’apprends à connaître les élèves d’une autre facette. Tu peux vraiment t’amuser, puis ils peuvent voir un autre côté de leur enseignante ou leur enseignant. Ça, c’est vraiment riche. Parce que, comme on a parlé tantôt au niveau du mentorat, on va vers les liens. On tisse des liens avant, donc c’est la même chose avec nos élèves. On veut tisser ces liens-là, puis avec le parascolaire, c’est très bien au niveau du bien-être à ce niveau-là.

Vincent Poirier

De pouvoir montrer que madame peut faire un slam dunk, ça crée des liens ça.

Daphné Wallbridge

Effectivement, ou tricoter un vraiment beau foulard. Moi, ça serait un foulard. J’ai tâté [incompréhensible], je sais, je connais un petit peu le patron.

L’autre chose, c’est vraiment de savoir comment dresser des frontières. Faire des frontières dans sa vie, c’est vraiment l’essentiel pour le bien-être. Ça a l’air à quoi ça, vraiment, avoir des frontières? C’est les textos, les courriels. Savoir quand décrocher des médias sociaux, la comparaison qu’on peut avoir avec d’autres personnes.

Vincent Poirier

Je fais ça avec mes voisins. Oui, je comprends.

Daphné Wallbridge

Exactement.

Vincent Poirier

Initier les frontières : « Reste chez vous. »

Daphné Wallbridge

Il faut avoir des frontières [RIRE], ce qui va être très important. Ça, c’est essentiel au bien-être. Toujours de revenir vers l’intérieur, vers soi pour avoir une réflexion, pour dire : « Comment est-ce que je me sens présentement au niveau de mon physique, ma spiritualité, mon énergie, ma famille? » Les grosses roches, comme on dit. De faire un check-in avec soi régulièrement pour voir : « Est-ce que ça va bien? Sinon, qu’est-ce que je dois ajuster? »

Lorsqu’on commence en septembre, ça ne sera pas pareil. Nos habitudes et nos stratégies ne resteront pas pareil de septembre à juin. On va devoir peaufiner et ajuster. Il faut vraiment maintenir cette souplesse-là, être agile. On prépare 20 %, mais on doit donner 80 % où on est dans le moment présent. On va voir comment je dois m’ajuster pour s’assurer que je sois performante, je sois bien dans ma peau, et tout ça.

Vincent Poirier

Oui, tout à fait. Rapidement, êtes-vous d’accord avec l’affirmation : « Un enseignant ou une enseignante heureux/heureuse donne des élèves heureux? »

Rabia Abderahim

Absolument.

Daphné Wallbridge

Oui. J’ai une fille de 10 ans qui est dans le système et 100 %, lorsque madame est heureuse, ma fille est heureuse. [RIRE] Oui, je le vois comme parent.

Rabia Abderahim

Oui, c’est vrai parce que souvent on l’oublie comme enseignants, mais les élèves sont souvent le miroir de notre attitude. Si on a une attitude positive, ils vont aussi avoir une attitude positive, ils vont être heureux. Justement, ça revient au bien-être, parce que si on travaille, comme a dit Daphné, sur notre bien-être, sur les frontières, sur toutes les petites choses qui font en sorte qu’on travaille sur nous-mêmes, c’est positif pour nous. Ultimement, ça va être positif pour nos élèves.

Vincent Poirier

Dans le fond, c’est prendre soin de soi. Il faut quasiment dire à ses élèves, comme j’ai dit à toutes mes ex : ce n’est pas à propos de toi, c’est à propos de moi.

C’est à peu près ça? Oui?

Description visuelle

Les trois rient.

Rabia Abderahim

Pas mal ça.

Daphné Wallbridge

Oui, c’est exactement ça, et vraiment, nos élèves en dépendent. Ce n’est pas égoïste. Ce n’est pas être : « Je pense juste à moi. » C’est essentiel. Si on ne prend pas soin de soi, ceux qui ont besoin de nous le plus, notre famille, nos élèves, vont souffrir parce qu’on ne sera pas là. On ne sera pas à notre mieux pour venir appuyer, puis enseigner.

Vincent Poirier

Exactement. Je tiens à rappeler que chaque conseil scolaire a aussi des ressources et des outils pour vous aider. Il suffit d’aller faire un petit peu de recherche pour trouver ça, si jamais vous sentez que vous avez besoin d’aide. C’est tout le temps qu’on avait. Rabia et Daphné, merci beaucoup. Vous avez été extrêmement intéressantes.

Rabia Abderahim

Merci beaucoup, Vincent.

Daphné Wallbridge

Merci, Vincent.

Rabia Abderahim

Merci, Daphné. C’était un plaisir.

Daphné Wallbridge

Merci, Rabia.

Description visuelle

Les trois rient.

Vincent : Merci. On se dit merci.

Rabia Abderahim

Merci.

Vincent Poirier

Pour ceux qui nous écoutent, si vous cherchez d’autres appuis, d’autres conseils, laissez-moi vous diriger vers le site Web moijenseigne.ca. Le but de ce site Web là, c’est vraiment de vous offrir un accompagnement sur mesure. C’est pour les enseignantes et enseignants franco-ontariens. Là-dessus, il y a d’autres causeries pédagogiques comme celle-ci. Il y a des vidéos d’autoformation, des capsules pédagogiques, un service de mentorat et un service d’appui. Tout ça, c’est au moijenseigne.ca. Je m’appelle Vincent Poirier. Merci beaucoup, tout le monde. Bye bye.

Daphné Wallbridge

Bye.

Rabia Abderahim

Bye.

Description sonore

On entend une musique instrumentale

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Texte : « © Le Centre franco, 2021 Tous droits réservés. »

Texte : « Le Centre franco a élaboré ce site Web grâce au financement du ministère de l’Éducation de l’Ontario et du gouvernement du Canada. »

L'apprentissage socioémotionnel

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Vincent Poirier 

Salut tout le monde et bienvenue à cette causerie pédagogique Moi, j’enseigne. Le but, c’est très simple, c’est de vous donner un appui à vous, les enseignantes et les enseignants des écoles de langue française de l’Ontario. C’est de vous aider à améliorer votre pratique d’enseignement. Cette fois-ci, on parle d’apprentissage socioémotionnel. On va essayer de comprendre quessé ça et aussi comment c’est important pour vos élèves, comment vous pouvez les guider à travers tout ça.

Je m’appelle Vincent Poirier, je suis ici pour animer. Sûrement aussi pour découvrir que l’apprentissage socioémotionnel, j’en ai besoin. Je suis surtout ici pour donner la parole à nos deux fantastiques invitées. Je commence avec Julie Séguin-Mondoux qui est consultante en mathématiques. Julie, t’as été enseignante, conseillère pédagogique. T’as une passion pour les maths. Tu es présidente de l’AFEMO, l’Association Francophone pour l’Enseignement des Mathématiques en Ontario. Julie, t’es une passionnée des maths?

Julie Séguin-Mondoux 

Absolument. La pédagogie en général, également.

Vincent Poirier

Qu’est-ce qui t’attire tant dans les mathématiques?

Julie Séguin-Mondoux 

C’est quand j’étais petite ou plus jeune, j’ai appris beaucoup de mathématiques, mais je ne les ai pas comprises. Ma passion, c’est la pédagogie. Comment on peut enseigner les mathématiques afin que les élèves les apprennent, mais qu’ils les comprennent, pour qu’ils puissent jouir de la beauté des mathématiques et non seulement apprendre des formules, des choses moins plaisantes.

Vincent Poirier

C’est là que le socioémotionnel devient très important, je pense.

Julie Séguin-Mondoux 

Exactement.

Vincent Poirier

Notre deuxième invitée, Nadine Taillon qui est enseignante à l’école d’application du Consortium le Centre Jules-Léger. Nadine, t’es enseignante avec des élèves de septième et huitième année qui ont des troubles graves d’apprentissage. Toi aussi, j’imagine que le socioémotionnel, c’est très important dans ta classe?

Nadine Taillon

Exactement. Les élèves ont vécu des situations très difficiles dans le passé parce qu’ils avaient des difficultés d’apprentissage, comme tu le dis. Ici, ils sont au Consortium Centre Jules-Léger pour apprendre des stratégies, pour être capable de mieux réussir.

Vincent Poirier

Il y a beaucoup d’intérêt présentement autour de l’apprentissage socioémotionnel parce que, justement, ça favorise le bien-être des élèves, leur capacité d’apprendre, leur résilience. Je pense que ce serait le fun, vous serez d’accord avec moi, si tous les élèves pouvaient mieux identifier, puis gérer leurs émotions, celles des autres, s’adapter au stress, aux défis. Ce serait le fun si tout le monde arrivait à faire ça. [rire]. C’est important à l’école, mais c’est important dans la vie en général aujourd’hui. Quand vous allez parler, je vais prendre des notes. Okay? Ça va pour vous? [rire]

Julie, ça a l’air de quoi l’apprentissage socioémotionnel en salle de classe?

Julie Séguin-Mondoux 

D’abord, j’aimerais souligner le fait que, finalement, on parle explicitement dans deux programmes-cadres de l’Ontario de l’apprentissage socioémotionnel, soit d’un programme-cadre d’éducation physique et santé, et le tout nouveau, celui qui est arrivé en 2020, le programme-cadre mathématiques. J’aimerais au moins souligner que, finalement, je suis heureuse que ce soit là, que ce soit dans nos documents officiels du ministère. Je pense que cela démontre vraiment l’importance du rôle de l’apprentissage socioémotionnel dans nos écoles.

J’aimerais aussi dire : « Pourquoi, tout d’un coup, on voit ça dans nos programmes? » C’est qu’on a plusieurs preuves maintenant qui nous disent que l’apprentissage de certaines habiletés socioémotionnelles a tellement un grand impact sur l’apprentissage de nos élèves. Pour revenir à ta question, [RIRE] il faut d’abord [rire] que–

Vincent Poirier

Es-tu en train de répondre en politicienne? Je te pose une question, mais tu t’en vas ailleurs complètement.

Description visuelle

Vincent Poirier pose sa question en riant.

Julie Séguin-Mondoux

Je vais te dire que j’étais contente et heureuse que ça soit là– [coupure du son], parce que ce n’est pas du nouveau. Je pense qu’on en faisait déjà de l’enseignement où on allouait l’apprentissage socioémotionnel avec nos élèves, mais là, on peut aller mettre le doigt dessus. On peut explicitement dire : « Voici dans le programme-cadre ». On le dit, on peut aller l’observer.

C’est vraiment, comme tu disais, Vincent, offrir aux élèves des occasions pour favoriser leur bien-être pour qu’ils soient bien, pour bâtir des bonnes relations enseignants-élèves, élèves-élèves. Tout ça dans le but, on veut que les élèves s’épanouissent. On veut que les élèves vivent des succès. Pour résumer, ça a l’air de quoi dans une salle de classe, ça a l’air du mois de septembre dans une année scolaire, parce qu’au mois de septembre, c’est là qu’on bâtit nos relations avec nos élèves. C’est là qu’on bâtit notre culture, on a un climat de confiance.

Pour moi, ça a l’air de quoi en salle de classe, c’est le début de l’année, parce qu’on passe toujours par l’affectif avant d’arriver à l’académique. Avant de commencer à enseigner, il faut apprendre, il faut bâtir cette relation de confiance et de respect avec nos élèves. Je me suis toujours dit depuis longtemps, depuis mes débuts d’années, il faut que les enfants se sentent aimés, se sentent valorisés pour qu’ils veuillent avoir le goût d’apprendre. Passons par l’affectif, les émotions, avant de s’en aller trop vite dans l’académique. Pour moi, c’est ce que ça a l’air, le mois de septembre.

Vincent Poirier

Nadine, je te voyais dire oui de la tête. T’es d’accord avec ça?

Nadine Taillon

Tout à fait d’accord. Julie, t’as une belle façon de le décrire, parce que le mois de septembre, c’est un mois important en éducation. C’est là qu’on bâtit les liens, qu’on tisse les liens avec nos élèves.

Je dirais aussi que, même, c’est d’amener nos élèves tout au long de l’année à mieux se connaître, à mieux connaître leurs forces, à mieux connaître leurs besoins et qu’ils puissent s’épanouir, comme tu l’as mentionné, mais en se connaissant, en apprenant à se connaître.

Je dirais aussi que c’est en leur présentant des résolutions de problèmes, des problèmes authentiques, que ce soit dans n’importe quelle matière. Ça peut aussi être des situations qui ont été vécues dans la salle de classe ou dans la cour d’école. Aussi, de prendre les situations d’actualité, puis de discuter avec nos élèves de certaines choses qui se passent dans l’actualité pour être capables d’avoir des discussions, à savoir traiter la confiance en soi, l’estime de soi, les stratégies de prise de parole, les stratégies d’écoute aussi en communication orale. Toutes ces choses-là, ça rentre de ce côté-là et ça nous permet de travailler le développement socioémotionnel de nos élèves.

Vincent Poirier

J’aime ça. T’es rentrée dans le concret, vraiment. Est-ce que vous avez d’autres exemples de choses qu’on peut faire avec nos élèves pour développer ces habilités-là?

Nadine Taillon

De mon côté, nous autres, les élèves, il faut vraiment qu’ils apprennent à se connaître, mais il faut aussi qu’ils apprennent à réaliser qu’ils ont des besoins. Quand on est en train de travailler, des fois, on a besoin de prendre une petite pause. On a besoin d’aller prendre une petite marche dans le corridor parce que notre cerveau est comme en surchauffe. Juste d’être conscient qu’on a besoin d’une petite pause, puis de partir deux minutes va faire en sorte que ça va nous redonner de l’énergie. C’est permis. Les élèves le demandent et c’est encouragé. Qu’ils apprennent leur fonctionnement et développer un peu de la résilience, trouver des stratégies qui nous permettent de persévérer.

Vincent Poirier

Julie, avais-tu d’autres choses à rajouter sur ça?

Julie Séguin-Mondoux

Plus concrètement, quand j’étais en salle de classe avec les élèves, pour développer– Tantôt, je faisais référence à développer le climat de confiance et de respect. Comme enseignante en salle de classe, c’est tellement important d’accueillir les élèves au début de la journée. Je me mettais toujours à la porte, puis j’accueillais.

Là, avec [rire] la pandémie, je me mettais à la porte, puis je donnais une bonne poignée de main steady à chaque élève. Je leur disais que j’étais contente de les voir. Déjà au début, ils se sentaient aimés, ils se sentaient accueillis pour développer ce climat de confiance là, pour qu’ils soient à l’aise dans leur apprentissage socioémotionnel, qu’ils sentaient qu’ils faisaient une différence dès l’arrivée et dès le début de la journée.

Ce qui m’avait frappé, c’est que, parfois, le seul moment un à un qu’on peut avoir avec l’élève, c’est le matin avec sa poignée de main. Ça peut être au moins ça.

D’autres choses concrètes que je faisais avec les élèves pour travailler l’apprentissage socioémotionnel, j’avais instauré ce qu’ils appellent un conseil de coopération. C’est basé sur un livre de Danielle Jasmin qui parle d’une rencontre hebdomadaire. On fait une rencontre hebdomadaire avec nos élèves dans laquelle on discute, on négocie avec les élèves, on résout des conflits. Les élèves partagent des inquiétudes, parlent peut-être des situations de stress. On met en valeur aussi des bons gestes.

Ce conseil de coopération que je faisais de façon hebdomadaire, je me souviens, c’était le vendredi, il ne fallait pas le manquer parce que les élèves le demandaient. Les élèves avaient un sens d’appartenance. On pouvait vraiment parler des fois des situations quand même assez conflictuelles où on avait du stress, comment gérer ça. Je vois vraiment ça comme une bonne stratégie à instaurer dans nos salles de classe pour l’apprentissage socioémotionnel.

Vincent Poirier

C’est comme un petit moment avec un thérapeute quasiment. C’est fou.

Julie Séguin-Mondoux 

Oui, puis il y avait des petites enveloppes où je veux féliciter quelqu’un ou je veux parler de quelque chose qui me dérange. Les élèves ont amené ça au conseil ensemble, donc tout le monde était valorisé. Ça fonctionnait vraiment bien à ce niveau-là.

Si je peux ajouter ma petite touche avec ma passion des maths, c’est que pour les mathématiques en particulier, c’est vraiment essentiel de discuter avec les élèves. Il y a des vidéos et des ressources qui existent au sujet de ça, mais de dire aux élèves : « Tout le monde peut apprendre les mathématiques. » La recherche sur le cerveau démontre que tout le monde est capable. Certains élèves viennent à l’école, ils ont des parents qui ont dit : « Je ne suis pas bon à l’école. Toi, peut-être, tu ne seras pas bon, tu ne seras pas bonne. »

C’est quelque chose à défaire. Il faut, à la première rencontre de parents, dire aux parents de ne jamais dire ça à leurs élèves, ça peut avoir un effet vraiment néfaste, et de dire aux élèves que faire des erreurs, donc tout cet apprentissage socioémotionnel là autour des erreurs, c’est correct. Faire des erreurs, c’est signe d’apprentissage. Il y a des activités concrètes qu’on peut faire avec les élèves pour développer cette mentalité de croissance là.

Parler aussi, c’est quoi être bon en mathématiques. Enlever cette anxiété-là, ce stress-là que les maths, ce n’est pas un signe de vitesse. On a des bons exemples de mathématiciennes et mathématiciens qui se sentaient stupides à l’école parce qu’ils étaient lents, mais ils sont devenus des mathématiciens et mathématiciennes. Ça leur prenait du temps pour jongler les idées.

Tout ça, puis des paroles cruciales à dire à nos élèves, c’est : « Je crois en toi. Tu es capable. » Ça peut vraiment aider tout l’apprentissage socioémotionnel. C’est des petites choses qu’on peut faire en salle de classe pour eux.

Vincent Poirier

C’est fou. C’est vraiment de faire en sorte que l’étudiant, l’élève se sente bien. Il sera en meilleure position pour apprendre ensuite, tout simplement.

Julie Séguin-Mondoux 

Absolument.

Vincent Poirier

Tu parlais d’erreurs tantôt, Julie, ce qui mène souvent à avoir besoin de résilience. Avez-vous déjà parlé de résilience avec vos élèves? Comment on transmet la résilience? Nadine?

Nadine Taillon

Nous, ce qu’on a fait, on vient de vivre deux différentes activités dans les dernières semaines. On a fait la Marche Terry Fox. On a présenté Terry Fox aux élèves et on leur a fait comprendre ce que c’était la résilience en étudiant sa biographie, ce qu’il avait fait et comment il avait fait ça. Les jeunes ont été vraiment épatés et vraiment ému de son parcours, de sa détermination. Ils ont compris que c’était un exemple de résilience, parce que quand on a une jambe amputée et qu’on décide qu’on va courir des marathons tous les jours pour traverser le Canada, c’est tout un exploit. Ce n’était vraiment pas quelque chose qui était facile à faire. Ce n’est déjà pas facile de courir cinq kilomètres, quand on en court 42 chaque jour, c’est une autre histoire.

Vincent Poirier

Pourquoi c’est important, Julie, que les jeunes développent cette capacité-là de résilience?

Julie Séguin-Mondoux 

Je pense que la résilience fait partie de notre vie. L’autre exemple qui me vient en tête avec les élèves, qui les intéresse beaucoup, c’est les Jeux olympiques, de parler de la résilience des athlètes. De prendre des exemples de choses qui leur sont arrivées, puis de voir que tout le monde, même des gens qui sont des vedettes, vivent des moments où la résilience a un rôle tellement important. De faire tous ces liens-là.

Je trouve que c’est vraiment des bons moments de discussion pour animer avec les élèves afin qu’ils voient des exemples concrets. De voir aussi des modèles, comment ils se sont sortis de ces situations-là, pour qu’eux puissent faire des liens, puis dire : « Moi aussi, je vais être capable de sortir de ma situation lorsque je vais y faire face. »

Vincent Poirier

Oui, tout est fait. Je pense que ça, c’est la preuve claire que tout ce qui est socioémotionnel, c’est important à l’école, mais ça va nous suivre tout le long de notre vie. En tant qu’adulte, en tant qu’enseignants et enseignantes, je pense que c’est extrêmement important aussi.

Julie, Nadine, c’est tout le temps qu’on avait. Merci beaucoup d’avoir été là. Je pense que c’est un sujet extrêmement important et je pense que vous l’avez très bien décrit et vous l’avez très bien expliqué. Merci beaucoup.

Pour ceux qui nous écoutent, si vous cherchez d’autres appuis, d’autres conseils, je vous dirige vers le site moijenseigne.ca. Le but, c’est vraiment d’offrir un accompagnement sur mesure aux enseignantes et aux enseignants franco-ontariens. Là-dessus, il y a d’autres causeries pédagogiques comme celle-ci, mais qui va parler d’autres sujets. Il y a des vidéos d’autoformation, des capsules pédagogiques, un service de mentorat et un service d’appui avec un numéro de téléphone où vous pouvez appeler et parler à quelqu’un si vous avez besoin d’aide ou de conseils. Tout ça, c’est au moijenseigne.ca. Nadine, Julie, merci beaucoup. Je m’appelle Vincent Poirier. À la prochaine.

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Texte : « Le Centre franco a élaboré ce site Web grâce au financement du ministère de l’Éducation de l’Ontario et du gouvernement du Canada. »

Créer un climat de classe positif et inclusif

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Vincent Poirier

 Salut à tous et bienvenue à cette causerie pédagogique, Moi, j’enseigne!. Le but de la causerie, c’est de vous donner un appui à vous, les enseignantes et les enseignants des écoles de langue française de l’Ontario. Là, tout de suite, on parle de : « Créer un climat de classe positif et inclusif ». On va essayer de définir ce que c’est l’inclusion. On va parler de comment créer un climat positif en classe avec nos élèves. Moi, je vais prendre des notes. Je vais essayer d’appliquer ce qu’on va apprendre à ma famille. Je m’appelle Vincent Poirier. Je vais être ici pour animer et j’ai deux charmants invités aujourd’hui : Malka Mensour, qui est enseignante à l’école secondaire Franco-Cité. Malka, mes notes me disent pas si t’es à Franco-Cité Ottawa ou Franco-Cité Sturgeon Falls. Peux-tu nous éclairer?

Malka Mensour

Ottawa.

Vincent Poirier

Ok. Sturgeon Falls et Ottawa, c’est pas la même chose nécessairement. Est-ce que tu connais Sturgeon Falls par hasard?

Malka Mensour

Oui, je connais bien Sturgeon Falls.

Vincent Poirier

Riv ou Larry’s?

Malka Mensour

Larry’s.

Vincent Poirier 

Larry’s? [RIRE] Ça, c’est pour ceux qui comprennent pas. C’est les stands à patates rivaux à Sturgeon Falls. Je suis content qu’on ait réglé la question très importante. Notre deuxième invité, c’est Boniface Lwaba Mukendi. Boniface est Directeur adjoint dans une école élémentaire à Winsor, dans le sud-ouest de l’Ontario. 17 années en enseignement. Boniface, tu t’es beaucoup impliqué au fil des ans dans le programme PANA, qui est le Programme d’appui aux nouveaux arrivants. C’est quoi ce programme-là au juste?

Boniface Lwaba Mukendi

C’est un programme du ministère de l’Éducation de l’Ontario. Si je peux le résumer, qui a pour objectif d’intégrer les nouveaux arrivants. Parce que, comme vous le savez, les systèmes d’enseignement sont différents de par le monde. Alors, quand nous recevons de nouveaux arrivants qui arrivent ici, en Ontario, nous avons besoin de les intégrer minutieusement afin qu’ils puissent réussir. Voilà brièvement.

Vincent Poirier

Je pense que c’est un travail extrêmement important et qui a un lien direct avec ce dont on veut parler aujourd’hui parce que se sentir inclus, accepté, se sentir compris, c’est un besoin de base dans la vie, mais aussi à l’école. Souvent, ça va définir notre passage à l’école. Je pense que vous êtes d’accord? Parce que les souvenirs qu’on va garder de notre passage au secondaire, à l’élémentaire, ça va être lié aux émotions, à nos amis, à un enseignant ou une enseignante qui nous a marqué, aux spectacles qu’on a vus, aux voyages, aux activités. Et tout ça fait partie d’un climat qui est installé à l’école et dans la classe. Vous diriez quoi? Quand on parle de climat inclusif en classe, aurais-tu un exemple, Malka, ou une anecdote qui illustrerait comment toi, t’arrives à créer un climat inclusif en classe?

Malka Mensour

Malheureusement, j’ai pas de recette magique, mais un peu comme mon collègue Boniface, moi, j’ai la chance en ce moment de travailler dans le programme PANA. C’est un excellent programme. Donc, moi, ce que je dis, c’est qu’on doit être authentique. On doit vraiment être authentique parce que les enfants, ils ressentent les émotions des autres. Puis, si on n’est pas nous-mêmes, on pourra pas avoir un climat inclusif en salle de classe. Comment être authentique? Comment inclure tout le monde? On doit reconnaître la présence de chaque élève. Puis, reconnaître la présence de chaque élève, oui, on dit « Bonjour! » en rentrant, mais aussi avec le regard. On doit s’assurer d’inclure chaque personne avec notre regard. Avec nos masques, maintenant, on pratique avec nos sourcils parce que notre face est cachée. [RIRE] Donc, on pratique notre sourire avec nos sourcils. [RIRE] C’est ça. Avec le regard, on doit inclure tout le monde. On doit les intégrer individuellement avec l’écoute active, avec la rétroaction positive, et on doit aussi laisser la place à chaque élève. Moi, je dirais de laisser la place à chaque élève, leur donner le temps de parler, de poser leurs questions, de finir leurs phrases et puis d’être authentiques avec eux.

Vincent Poirier

D’être eux-mêmes dans le fond.

Malka Mensour

Exact.

Vincent Poirier

Boniface, aurais-tu des choses à rajouter?

Boniface Lwaba Mukendi

Oui, j’apprécie beaucoup ce que Malka vient de dire. Je vais peut-être enchaîner l’idée. Vous savez, à mes débuts dans l’enseignement, dans mes classes, il y avait la rigueur, la discipline. On pouvait à peine entendre une mouche voler. Donc, la discipline était de rigueur, et ça me définissait. Je voudrais être beaucoup plus précis. J’étais en train tout simplement de reproduire le système dans lequel j’ai vécu quand j’étais à l’élémentaire, donc la discipline, rien que la discipline. La conséquence, c’était quoi? L’atmosphère était lourde dans ma classe. J’avais comme l’impression qu’il y avait une sorte d’intimidation invisible qui planait sur la classe. Les élèves ne pouvaient pas s’émanciper, ne se sentaient pas libres, ne pouvaient pas s’épanouir. Plus encore, les journées étaient longues et épuisantes. Jusqu’au jour où j’avais compris que les relations dans une classe sont très importantes. J’ai commencé à me poser la question : « Quels sont mes rapports avec les élèves? mes élèves? Quels sont les rapports qui existent entre les élèves? » À partir de là, je peux vous dire que tout est parti. C’était l’inclusion.

Vincent Poirier

Avant, les élèves n’avaient peut-être pas nécessaire le goût d’être dans ta classe, Boniface. Maintenant, ça a changé. C’est ça?

Boniface Lwaba Mukendi

Maintenant, ça a complètement changé. Quand je parle de relations, je suis en train de parler des rapports respectueux où j’étais là à l’écoute des élèves. Je prenais mon temps, comme l’a dit Malka tout à l’heure, à écouter les élèves. « Qu’est-ce que les élèves veulent? » J’étais là à considérer les élèves comme des éléments, comme des agents, comme des personnes qui doivent participer à la gestion de la classe. Les élèves se sentaient à l’aise. Avant, je me mettais au centre de la classe. C’était une gestion linéaire. C’était comme une sorte d’intimidation, comme je le disais tantôt. Soigner les relations m’a beaucoup aidé. J’ai vu, par après, les élèves devenir joyeux, aimer l’école. Moi-même, je me suis senti libre, je me suis senti léger et j’ai commencé à aimer mon métier. Ce n’était plus un fardeau, une sorte de supplice.

Vincent Poirier

C’est beau à entendre, ça. À part créer un climat de terreur dont vient de parler Boniface, ce serait quoi les autres choses à éviter, disons, si on voulait créer un climat inclusif?

Boniface Lwaba Mukendi

Vous y allez, Malka?

Malka Mensour

Moi, je dirais, il faudrait pas ignorer les émotions des élèves. Il faut être attentif. On ne peut pas les rendre invisibles. Exclure, c’est l’inverse d’inclure. S’ils sont invisibles, on est en train de les exclure. Ils doivent être visibles. On doit les inclure. On ne peut pas porter des jugements trop vite. Ça, c’est quelque chose que je travaille beaucoup avec le personnel enseignant à l’école parce que j’aide avec l’intégration des nouveaux arrivants, justement. Puis, les jugements se font très facilement. Il y a beaucoup de préjugés. On doit prendre le temps de connaître l’enfant, prendre le temps de comprendre leur réaction. Pas juste juger selon la réaction, mais comprendre la réaction. Puis, d’éviter les préjugés parce que, si on porte trop de jugements, les enfants aussi, ils vont faire la même chose. Finalement, on doit modéliser ce que nous, on veut recevoir.

Vincent Poirier 

Être des modèles positifs.

Malka Mensour

Exactement.

Vincent Poirier

D’autres choses à rajouter là-dessus, Boniface?

Boniface Lwaba Mukendi

Oui, absolument. Je veux juste rajouter. Malka vient de toucher à un point qui est vraiment vraiment important. Ce que je veux ajouter, c’est quoi? Une des erreurs à ne pas commettre, l’erreur que moi, j’avais commise au début quand je commençais ma carrière, c’était de prioriser l’expression de mes idées, de mes sentiments, de mes émotions. Je n’avais pas le temps d’écouter les élèves. Je n’avais pas le temps d’aller découvrir ce que les élèves avaient. Brièvement, qu’est-ce que je voudrais dire? Je ne mettais pas l’accent sur les besoins des élèves, le besoin d’appartenance sociale, le besoin d’affirmation, par exemple, le besoin de compétences. Les élèves ont besoin de se confirmer, de s’affirmer plutôt, le besoin d’autonomie parce que les élèves ont toujours quelque chose à faire. Je termine peut-être en faisant recours à cette citation, la citation d’un écrivain britannique qui avait dit ceci : « Le plus grand bien que vous puissiez faire à une personne n’est pas seulement de partager vos richesses avec elle, mais de lui révéler les siennes. » Moi, je passais mon temps à partager mes connaissances sans chercher à révéler les trésors, ce que les élèves avaient en eux. Quand j’ai commencé plus précisément à aller ressortir les talents des élèves, Oh mon Dieu!, j’ai commencé à aimer mon métier, et les élèves étaient contents.

Vincent Poirier

J’ai des frissons, Boniface. Moi aussi, j’ai d’autres citations d’auteurs comme ça, là, mais on n’a pas le temps, alors on va passer à autre chose. [RIRE] Malka, Boniface en a parlé tantôt. Il a parlé d’impliquer les élèves. Est-ce que tu penses que c’est vraiment possible d’impliquer les élèves pour créer un climat positif en classe comme ça?

Malka Mensour

Absolument.

Vincent Poirier

Si oui, comment est-ce que c’est possible?

Malka Mensour

Quand on crée un climat positif, l’enfant doit se sentir impliqué, doit se sentir aimé, doit se sentir considéré, doit se sentir visible. À ce moment-là, quand il ressent qu’il a une présence en salle de classe, le climat positif va venir. On aura un climat positif. On doit aussi s’assurer que– Premièrement, on doit être juste et équitable. On a parlé de modéliser ce que, nous, on veut recevoir des élèves. On doit être juste et équitable. Je veux dire tout le monde n’est pas égaux. Les besoins de chaque élève– Monsieur Luaba a parlé des besoins des élèves. Chaque élève a différents besoins, et si les élèves voient qu’on essaye de notre mieux d’être équitable et juste, à ce moment-là, ils vont vouloir faire la même chose aussi dans la salle de classe.

Vincent Poirier

Oui, tout à fait. Avez-vous réussi– Parce qu’on a beaucoup fait d’école virtuelle, d’école en ligne au cours des derniers mois, j’apprends rien à personne. Avez-vous réussi à recréer ce climat positif et inclusif là, Boniface?

Boniface Lwaba Mukendi

Personnellement, je peux dire que j’ai réussi. J’ai réussi parce que ce climat, ce n’est pas d’une façon automatique là qu’on va les créer, mais ça se bâtit. C’est une brique sur une brique sur une brique. En tout cas, je peux dire que j’ai réussi. Les mots magiques, les mots clés, c’est relation. Peu importe qu’on soit en présentiel ou qu’on soit en virtuel, les relations restent très très très importantes.

Malka Mensour

Oui, j’aimerais rajouter aussi. Est-ce que c’est plus difficile en ligne? Absolument, parce que c’est toujours plus facile quand on est ensemble. Ça crée un climat quand on est en présentiel, mais est-ce que c’est difficile? Oui, mais c’est absolument faisable. En tant qu’enseignant, notre outil, c’est notre personnalité. Les relations, d’être authentique avec les élèves, ça se fait en ligne comme en présentiel. C’est sûr que c’est différent, mais ça se fait quand même, absolument.

Vincent Poirier

Vous avez parlé depuis le début d’écoute, d’authenticité, mais comment on fait? Avez-vous des trucs concrets pour apprendre à connaître nos élèves, leurs goûts, leurs intérêts? Malka?

Boniface Lwaba Mukendi

J’aime ce que Malka a dit tout à l’heure. Elle n’a pas arrêté de les dire : être authentique. Être authentique, c’est être en mesure de parler avec les élèves dans des situations informelles, de manière informelle, s’intéresser individuellement à chaque élève. Personnellement, ce que j’ai vécu comme expérience, c’est que les élèves finissent par s’éclater. On finit par comprendre qu’est-ce que l’élève veut. C’est de manière informelle, pas tout simplement lors d’une leçon, et cetera. Non, de manière informelle. En classe, on est une communauté, on est une société. S’intéresser à chaque élève individuellement et avoir des conversations informelles, ceci nous permet vraiment d’aller voir les intérêts des élèves, leurs besoins, et d’y répondre adéquatement.

Vincent Poirier

Malka pour finir?

Malka Mensour

Je suis complètement d’accord. Pour finir, j’aimerais dire que c’est justement pendant les conversations informelles qu’on apprend à connaître nos élèves et on ne peut pas vivre dans une fausse réalité. Les élèves vont ressentir, si on leur pose une question, puis on veut vraiment connaître la réponse versus si on pose une question parce qu’on doit poser la question, l’élève va le ressentir, donc d’avoir des conversations informelles, d’être authentique. C’est ça. Le mot clé : authenticité. [RIRE]

Vincent Poirier

Authenticité. J’ai retenu différents mots clés à date : authenticité, ouverture, intérêt, et je pense, c’est vraiment d’aller découvrir qui sont les humains devant nous pour connaître les humains, et pas seulement des élèves assis à des pupitres à qui on doit transmettre de l’information. Malka et Boniface, merci énormément. C’est tout le temps qu’on a, déjà. Je pense, vous avez été extrêmement pertinents et efficaces. Pour tous ceux qui nous écoutent, si vous cherchez d’autres appuis, d’autres conseils, allez visiter le site moijenseigne.ca. Le but de ce site-là, c’est vraiment d’offrir un accompagnement sur mesure aux enseignantes et aux enseignants franco-ontariens. Là-dessus, il y a d’autres causeries pédagogiques comme celle-ci, et il y a même une vidéo d’autoformation qui parle spécifiquement de créer un climat de classe positif et inclusif. Il y a un service de mentorat, un service d’appui. Allez voir ça au moijenseigne.ca. Je m’appelle Vincent Poirier et je vous dis : « À la prochaine! »

Description sonore

On entend une musique instrumentale.

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Logo « Moi, j’enseigne! » et titre « Appui au personnel enseignant ».

Logo du Centre franco, drapeau franco-ontarien, logo du gouvernement de l’Ontario et celui du gouvernement de l’Ontario.

Texte : « © Le Centre franco, 2021 Tous droits réservés. »

Texte : « Le Centre franco a élaboré ce site Web grâce au financement du ministère de l’Éducation de l’Ontario et du gouvernement du Canada. »

Le partenariat avec les parents

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Logo « Moi, j’enseigne! » et titre « Les causeries pédagogiques ». On entend une musique instrumentale.

Vincent Poirier

Salut, tout le monde, et bienvenue à cette causerie pédagogique Moi, j’enseigne!. Le but, c’est très simple, c’est de vous donner de l’appui, à vous, les enseignantes et les enseignants des écoles de langue française de l’Ontario. Cette fois-ci, on parle de partenariat que vous pouvez créer avec les parents parce que des bonnes relations, c’est gagnant pour les élèves, pour les parents, mais aussi pour vous. On va essayer de vous proposer des moyens de bâtir une relation de confiance avec les parents.

Je m’appelle Vincent Poirier. Je suis ici pour animer. Je suis un parent qui a trois enfants à l’école, en Ontario. Oui, on m’a laissé me reproduire trois fois. Je vous confirme qu’une enseignante ou un enseignant proactif et à l’écoute, ça fait toute la différence du monde. On a deux invités pour vous parler. Premièrement, Barthélémy Djomna Tchadeu, troisième année en enseignement au Canada, présentement enseignant en 6, 7 et 8 dans une école à Parry Sound.

Barthélémy, le volet secondaire est tout nouveau à l’école aux Quatre-Vents, cette année. Bravo! C’est comment de participer à la mise sur pied d’une nouvelle école secondaire, comme ça?

Barthélémy Djomna Tchadeu

Oui, ça fait plaisir vraiment d’intégrer cette belle communauté que j’apprécie bien et qui est accueillante. L’année passée, j’ai obtenu le même niveau : sixième, septième, huitième année. Les huitièmes sont rendus cette fois-ci en neuvième année. Il est vrai que c’est un petit groupe, et c’est vraiment convivial comme ça.

Vincent Poirier

C’est bien ça. Notre deuxième invitée, c’est Kathlyne Bolan, 17 années en enseignement. Tu enseignes présentement, Kathlyne, en maternelle-jardin et deuxième année. T’es à Terrace Bay. Toi aussi, t’es dans une petite école. Juste pour mon intérêt personnel, Terrace Bay, un petit village du nord de l’Ontario, loin de tout, sur le bord du lac Supérieur : c’est comment la vie à Terrace Bay?

Kathlyne Bolan

La vie est très belle à Terrace Bay.

[RIRE]

Beaucoup de nature, c’est vraiment bien. Tranquille, relaxant. C’est bien.

Vincent Poirier

Je t’envie un tout petit peu.

[RIRE]

Là, vous le savez, l’école puis les méthodes d’enseignement, ça évolue souvent. C’est pas comme dans notre temps. Les parents ont besoin d’être accompagnés pour comprendre ce qui se passe et pour appuyer leurs enfants. Kathlyne, avec ton expérience, les parents qui posent beaucoup de questions ou qui se présentent souvent à l’école, ils le font pour quoi?

Kathlyne Bolan

Je pense qu’ils veulent vraiment s’impliquer au cheminement de leurs enfants. Souvent les parents qui se présentent à l’école ou posent des questions sont vraiment engagés, intéressés à ce que leurs enfants font. Ils veulent vraiment que leurs enfants réussissent.

Vincent Poirier

Ça a un impact comment sur le cheminement de l’enfant?

Kathlyne Bolan

Super positif.

Vincent Poirier

Oui, j’imagine.

Kathlyne Bolan

Lorsque les parents sont engagés, les élèves sont engagés aussi.

Vincent Poirier

C’est ça. Barthélémy, je mets un petit twist sur la question. En général, quand un parent veut entrer en contact avec un enseignant ou une enseignante, c’est pour quoi?

Barthélémy Djomna Tchadeu

Finalement, c’est pour, la plupart du temps, avoir une idée de comment se passent les choses à l’école et savoir parfois comment faire pour appuyer l’enfant à la maison. Si on a des stratégies, savoir si on donne des devoirs, quelle est la périodicité. Je pense que nous devons être également à l’écoute de ces parents, surtout des informations supplémentaires qu’ils nous donnent. Ça nous permet également de bien canaliser nos apprentissages face aux enfants que nous avons.

Vincent Poirier

J’avoue, puis sûrement que ça va dans les deux directions : le parent doit être à l’écoute, mais l’enseignant, l’enseignante, doit aussi être à l’écoute. Kathlyne?

Kathlyne Bolan

Oui, exactement.

Vincent Poirier

Pour un nouvel enseignant, une nouvelle enseignante, bâtir une relation de confiance avec des parents, ça peut demander un peu de temps. Barthélémy, c’est quoi les moyens que toi ou tes collègues, vous mettez en place pour assurer bonne communication avec les parents? Est-ce que t’as des trucs ou des choses que tu sais qu’ils fonctionnent bien?

Barthélémy Djomna Tchadeu

Je dirais, dans un premier temps, que tout devrait commencer dès le début de l’année scolaire. Ça veut dire pouvoir se présenter en début d’année scolaire aux parents par courriel et bâtir une relation positive, ne pas attendre longtemps pour pouvoir communiquer avec les parents. Ça veut dire, ne pas attendre quand c’est le négatif avant de communiquer avec les parents. Communiquer avec eux également quand c’est du positif. Quand l’enfant fait des choses de bien, leur demander s’ils peuvent donner aussi des récompenses à la maison ou encourager.

Généralement, comme je le dis, en début d’année, on devrait communiquer avec les parents, se présenter. Également leur demander quels sont les moyens qu’ils trouvent. Parce qu’il y en a qui n’ont pas assez de temps ou alors leur programme ne permet toujours pas de répondre aux courriels. Il y en a qui préfère les appels téléphoniques. D’autres qui préfèrent, par exemple, quand les enfants ont des agendas, que ce soit sur papier ou bien électronique. Tout dépend de chaque parent.

On a plusieurs voies, dépendamment du parent, de quelle sera la meilleure façon de communiquer avec ces derniers.

Vincent Poirier

Oui, il faut être flexible quand même : que ce soit téléphone, à l’oral, le courriel, les pigeons voyageurs, les pagettes.

Barthélémy Djomna Tchadeu

C’est ça.

Vincent Poirier

Oui. [RIRE]

[RIRE]

Vincent Poirier

Kathlyne, est-ce que t’as des trucs toi aussi?

Kathlyne Bolan

Oui. Comme Barthélémy, j’aime beaucoup faire un appel « Soleil » au début de l’année pour m’introduire, puis leur dire que je vais être l’enseignante de leur enfant cette année. Même chose, leur demander : « Comment préférez-vous que je communique avec vous? » Barthélémy l’a mentionné aussi, pas seulement communiquer avec les parents lorsque c’est du négatif. Il va arriver qu’ils ne vont même plus répondre au téléphone lorsqu’ils voient que c’est l’école qui appelle.

Si on appelle pour partager des succès, des bons gestes, des belles choses qu’on a vues en salle de classe, puis aussi des fois quand on a besoin des choses à travailler, qu’on appelle aussi, je pense que le parent n’hésitera pas à répondre au téléphone parce qu’il veut savoir : « Qu’est-ce que madame Kathlyne a à partager aujourd’hui? »

Je trouve aussi d’essayer d’impliquer les parents. Je travaille avec les niveaux primaires, puis j’aime faire des petits projets où on implique les parents parce que si les élèves arrivent à la maison super excités, disant qu’ils vont faire quelque chose : « Est-ce que vous pouvez aider, Maman? » Je pense à des choses comme l’« étoile de la semaine ». J’ai une partie où les élèves peuvent inviter un parent pour venir à l’école partager une de leurs forces avec la classe. Ça a été un super beau succès. J’ai eu des parents qui sont venus faire des explosions dans mon micro-ondes. J’ai d’autres parents qui sont venus–

Vincent Poirier

Des explosions volontaires, voulues?

Kathlyne Bolan

Volontaires. Oui,-

Vincent Poirier

Okay, c’est bon.

Kathlyne Bolan

-avec du savon.

[RIRE]

Je ne sais pas si vous l’avez déjà fait? C’est amusant.

Vincent Poirier

Non. [RIRE]

Kathlyne Bolan

D’autres parents qui sont venus faire un bricolage. Je pense que si tu mises sur les forces des parents, tu vas voir qu’ils seraient plus voulants à venir aussi si on peut utiliser leurs forces. Aussi, de les garder informés de ce qui se passe en salle de classe, soit avec un bloc de classe ou à travers des médias sociaux, une petite lettre qui est envoyée à la fin du mois, juste pour montrer les choses qui sont arrivées pendant le mois, dans la salle de classe. Je pense que les parents aiment être informés de ce qui se passe dans la salle de classe.

Vincent Poirier

Comme tu me disais tantôt, de varier entre des bonnes nouvelles et des moins bonnes nouvelles. J’ai lu quelque part : deux courriels « Soleil » pour un courriel « Nuage ». Quelque chose comme ça?

Kathlyne Bolan

Oui, c’est une bonne pratique.

Vincent Poirier

C’est un bon ratio. Qu’est-ce qu’on fait quand on–? Avez-vous des trucs quand on a un parent moins collaboratif? Barthélémy?

Barthélémy Djomna Tchadeu

Tout dépend de l’engagement du parent ou de sa disponibilité. On pourrait chercher à savoir un peu quelles sont ses motivations. Je dirais, lorsqu’il n’est pas tellement engagé, on ne va pas peut-être le booster ou le pousser. On essaie de le comprendre, mais tout en cherchant à ce qu’il soit au courant de ce qui se passe à l’école. Ça veut dire, il peut répondre à des courriels peut-être avec un retard, mais au moins, qu’il soit au courant de ce qui se passe. Sinon, si par la suite il y a un problème qui surgit, ce sera peut-être qu’il n’avait pas été informé à temps. Là, ce sera un peu difficile.

Vincent Poirier 

Vraiment, de chercher à comprendre peut-être ce qui se passe et de s’adapter ensuite?

Barthélémy Djomna Tchadeu

C’est ça.

Vincent Poirier

Kathlyne, est-ce que tu trouves que la relation enseignant-parent a changé avec la pandémie?

Kathlyne Bolan 

Oui, je trouve que ça a changé, mais d’une façon, ça a presque amélioré. Juste parce que, maintenant, on a trouvé beaucoup de différentes façons de communiquer avec les parents à travers la technologie. Je pense juste aux façons. Comme si les élèves sont absents chez nous, la planification est affichée dans notre salle de classe virtuelle. Les parents savent tous aller chercher l’information, s’ils ont besoin, même les appels sur Teams ou sur d’autres plateformes où on est face à face. Les parents sont habitués maintenant aussi à utiliser la technologie. Même s’ils sont au travail, ils peuvent quand même participer à quelque chose via leur téléphone, qu’avant ils n’auraient peut-être pas pu participer, mais maintenant, ils peuvent participer. Chez nous, ça a peut-être amélioré.

Vincent Poirier

Oui. J’avoue que la rencontre des parents en début d’année, de faire ça virtuel, on aime ça, les parents. [RIRE]

Kathlyne Bolan

C’est ça, la participation augmente de cette façon-là aussi. Ils n’ont pas à se déplacer.

Vincent Poirier

Tout à fait. Barthélémy, t’as déjà enseigné au niveau secondaire. Est-ce que c’est possible de conserver l’engagement des parents quand on enseigne au secondaire?

Barthélémy Djomna Tchadeu

Je dirais « oui », dans la mesure où on devrait, comme on l’a dit tout en haut, dès le début de l’année, les engager, leur donner les attentes que nous avons fixées pour l’année scolaire et essayer quotidiennement ou hebdomadairement de faire un compte rendu.

Dans One Note, par exemple, lorsque je donnais des cours, il y avait une page qui était intitulée Suivi quotidien. Ça veut dire que, même si l’enfant ne dit pas ce qui se passe au parent, le parent a accès à ce qui se passe dans la journée, tous les jours à l’école, et que ce soit à chaque moment : les matières, les travaux qui doivent être remis.

C’est de cette façon qu’on devrait essayer d’impliquer ou de conserver l’engagement des parents au secondaire.

Également, il peut arriver qu’il y ait des problèmes. Essayer d’engager la problématique à petite dose plutôt que de tout dire d’un coup. Ça aussi, ça baisse l’engament ou la motivation du parent. Comme on l’a mentionné, partager les bonnes choses également qui se passent à l’école ou dans la vie de l’élève.

C’est vrai qu’au secondaire, parfois, les élèves ont tendance à vouloir être assez autonomes parce qu’ils se disent que, plus tard, ils seront au postsecondaire, et le parent aura besoin peut-être de l’avis pour que l’administration communique des choses concernant l’enfant aux parents.

Vincent Poirier

Oui, j’imagine qu’il y a un bon ballant à trouver pour garder l’autonomie de l’adolescent, mais quand même garder le parent impliqué un peu?

Barthélémy Djomna Tchadeu

C’est ça.

Vincent Poirier

Oui, c’est ça, et comme on a dit, de ne pas tout annoncer les mauvaises nouvelles en même temps. [RIRE]

[RIRE]

Je crois que c’est tout le temps qu’on a. Barthélémy et Kathlyne, merci énormément. Ce que je retiens vraiment, c’est que les enseignantes et enseignants doivent rester flexibles pour pouvoir s’adapter à toutes les façons de faire des différents parents, pour pouvoir assurer le meilleur succès de l’élève. Parce que, comme l’a dit au début, l’implication du parent a un impact direct sur le succès de l’élève en salle de classe. Merci beaucoup pour votre temps.

Pour ceux qui nous écoutent, si vous cherchez d’autres appuis, d’autres conseils, allez sur moijenseigne.ca. Il y a tout sur ce site-là pour un accompagnement sur mesure pour vous, les enseignantes et enseignants franco-ontariens. Il y a d’autres causeries pédagogiques comme celle-ci. Il y a des vidéos d’autoformation, dont une capsule sur « Créer un partenariat avec les parents ». Il y a un service de mentorat, un service d’appui direct, il y a des blogues, et tout ça au moijenseigne.ca. Merci beaucoup d’avoir écouté. Je m’appelle Vincent Poirier. À la prochaine!

Barthélémy Djomna Tchadeu

Merci, Vincent.

Vincent Poirier

Bye bye.

Kathlyne Bolan

Merci.

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L'évaluation, un processus continu

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Vincent Poirier

Salut, tout le monde, et bienvenue à cette causerie pédagogique Moi, j’enseigne!. Le but, c’est de donner un appui aux enseignantes et aux enseignants des écoles de langue française de l’Ontario. Le sujet de cette causerie-ci, L’évaluation, un processus continu : les tests, les travaux qui comptent, les travaux qui comptent pas, les rétroactions descriptives, les grilles, les bulletins et les bulletins de progrès, les niveaux de rendement 1, 2, 3, 4, les cotes A, B, C, D.

Le merveilleux monde de l’évaluation, c’est intense, mais on va essayer de vous aider à voir plus clair à travers tout ça. Je m’appelle Vincent Poirier, je vais être votre animateur. À date, si j’évaluais mon travail, je me donnerais un 3+ A- exposant 83 % sur un PEI.

Pour vous présenter nos deux invités, laissez-moi tout d’abord accueillir Alexandre Audet, un enseignant de septième année à Barrhaven, en banlieue d’Ottawa. Alexandre, t’animes aussi, avec deux autres collègues, le balado Ingénieux pédagogiques, qui tente, attention, de faire des ponts entre la recherche académique en éducation et les pratiques en salle de classe. T’as aussi un blogue. Qu’est-ce qui te passionne tant dans les différentes approches pédagogiques?

Alexandre Audet

J’essaye toujours de voir qu’est-ce qui se fait en éducation, puis qu’est-ce qui aiderait le mieux mes élèves. Au lieu de juste suivre des modes, j’essaye vraiment d’aller voir ce qu’il y a de mieux pour mes élèves. C’est mon seul guide.

Vincent Poirier 

En plus, t’aimes transmettre ta sagesse?

Alexandre Audet

Oui.

Vincent Poirier 

[RIRE] En tous cas, t’es mieux de la transmettre dans les 15 prochaines minutes. [gloussement] Notre deuxième invité, c’est Idrine Matenda-Zambi, un enseignant depuis sept ans à Windsor, dans le sud-ouest de l’Ontario. Idrine, t’es conseiller pédagogique et t’as été membre du Comité de révision et d’équité, de diversité et d’inclusion de l’OQRE. Un, c’est beaucoup de mots importants et deux, c’est un acronyme qui est le fun à dire. C’est quoi ce comité-là, Idrine?

Idrine Matenda-Zambi

En fait, on a travaillé, cet été, lors de ce comité-là, à revoir un peu exactement les questions. Chaque année, les élèves de neuvième année font un test de mathématiques. Notre rôle, c’était vraiment de travailler si les questions qu’on allait poser dans les examens répondaient aux besoins que nous avons au niveau de l’équité, de la diversité et de l’inclusion. C’était un super bon projet. J’étais très content de faire partie de ce projet.

Vincent Poirier 

Intéressant. C’était aussi dans le milieu de l’évaluation, ça touchait au sujet de l’évaluation. Vous allez être d’accord avec moi, les gars, c’est quand même une question qui fait beaucoup jaser dans les salons du personnel, l’évaluation, et avec raison. Ça fait partie de votre travail d’enseignant. C’est quand même très différent de ce que nous, on a connu comme élève dans notre temps. Alexandre, petit jeu, okay? Complète la phrase suivante : la meilleure évaluation est celle qui…?

Alexandre Audet

Je dirais, c’est celle qui permet à l’élève de démontrer ses apprentissages. Pour faire ça, il faut être assez flexible, il faut donner des choix aux élèves. C’est pas, comme on dit « One size fits all. ». Il y a peut-être des élèves que pour la compréhension d’un texte, ils veulent nous en parler. D’autres qui veulent nous écrire un texte. Il faut être flexible de ce côté-là pour justement donner la chance à tous les élèves.

Vincent Poirier 

Est-ce que c’est vraiment possible de s’adapter à tout le monde?

Alexandre Audet

Les choix peuvent se faire à différents niveaux. Ce n’est pas nécessairement à chaque fois qu’on va donner des choix, mais autant que possible être à l’écoute des élèves. Je pense qu’eux vont nous le dire quand quelque chose ne fonctionne pas. Si on peut s’adapter, tant mieux.

Vincent Poirier 

L’écoute, c’est quelque chose que ma blonde me rappelle à tous les jours. [RIRE] Toi, Idrine, tu compléterais la phrase comment?

Idrine Matenda-Zambi

Bien sûr, moi je vais renchérir avec ce qu’Alexandre a dit parce que j’ai un autre chapeau aussi, j’enseigne à la Faculté d’éducation dans le campus de Windsor. Je répète la même chose qu’Alexandre a dit : « Donne le choix à tes élèves. » Le but de l’évaluation, c’est vraiment améliorer le rendement de l’élève. Comment est-ce qu’on peut y arriver?

Une bonne façon, comme Alexandre a dit, c’est : « Donne le choix à tes élèves. » C’est bien. Nous, même en tant qu’adulte, souvent on l’oublie. On aime ça qu’on nous donne le choix. C’est très important de le ramener aussi au niveau de la salle de classe : « Donne le choix à tes élèves. » Comment est-ce qu’ils peuvent présenter un projet? Comment est-ce qu’ils peuvent démontrer ce qu’ils ont appris?

L’évaluation, c’est vraiment à ce niveau-là. Donner la chance plusieurs fois aux élèves de démontrer ce qu’ils ont appris durant la leçon et pendant un certain temps. Si tu es capable de faire ça et que tu peux mettre ça en salle de classe, je pense que tu seras un super bon enseignant.

Vincent Poirier 

C’est pas fou. Idrine, ce serait quoi les défis ou les enjeux liés à l’évaluation, selon toi?

Idrine Matenda-Zambi

Il y a plusieurs enjeux qui sont liés à l’évaluation, mais il y a quelque chose que j’entends souvent de mes collègues, surtout cette année. Moi, je m’occupe vraiment du dossier des mathématiques, par exemple, de la numératie 7-12. Il y a quelque chose qui revient beaucoup. Vous savez qu’on a un nouveau curriculum de neuvième année qui vient de commencer, mais on a un nouveau curriculum de la première année à la huitième année au niveau des mathématiques. Il y a tout cet aspect-là socioémotionnel. On n’a pas encore des pistes claires comment est-ce qu’on doit l’évaluer et il y a beaucoup de questionnement au niveau des enseignants : comment l’évaluer?

Parce que tout le monde comprend que maintenant on met vraiment en avant le bien-être des élèves, le bien-être dans la salle de classe, que ça soit au niveau de la numératie ou de la littératie, ou de n’importe quelle autre matière. Comment est-ce qu’on peut faire en sorte, maintenant, que les élèves se sentent bien? Qu’il y ait moins d’anxiété, mais qu’ils puissent apprendre. Comment est-ce qu’on peut évaluer ce processus-là? Ça, c’est les grands questionnements que je vois au niveau de mes collègues, ici dans le sud-ouest.

Vincent Poirier 

Alex, est-ce que t’aurais d’autres choses à rajouter, toi? D’autres défis?

Alexandre Audet

Un des défis, pour faire un lien avec le socioémotionnel, c’est d’évaluer les élèves selon leurs différents profils. Parce que ça se peut, des fois– Comme moi, j’enseigne en septième année, mais j’ai des élèves de niveau de cinquième année dans ma classe. Des fois, adapter les évaluations, c’est un défi qui n’est pas toujours facile parce que les élèves ne sont pas tous à la même place en même temps dans leur apprentissage. Ça, c’est pas facile non plus.

Vincent Poirier 

Comment tu surmonterais ce défi-là, Alexandre?

Alexandre Audet

Je pense qu’encore une fois, c’est en parlant avec l’élève, puis en essayant de voir quelles sont ses forces. Je peux adapter l’évaluation pour peut-être m’asseoir avec lui, puis lui lire les questions, par exemple. C’est peut-être une adaptation qu’on peut faire pour lui. Il y a des élèves qui vont nous dire les réponses, puis on les écrit à leur place. C’est quelque chose qui les aide beaucoup. Ce genre d’adaptation-là, je pense que c’est ça. Il faut être, encore une fois, à l’écoute des élèves pour qu’ils puissent nous donner le meilleur d’eux-mêmes.

Vincent Poirier 

Oui, tout à fait. Je vous demande d’être à l’écoute pour la suite, je vais interpréter un personnage. Okay? Vous allez me dire si vous entendez souvent ce genre de personnage-là dans vos classes : « Est-ce que ça compte pour le bulletin ça, monsieur? »

Idrine Matenda-Zambi

Tout à fait.

[RIRE]

C’est quelque chose qui revient constamment. Je pense que de la première à la huitième et à l’école secondaire, c’est constamment la même question : « Est-ce que ça va compter pour ma note? Est-ce que pour le bulletin, c’est important? » Souvent, dans ce cas-là, ce que j’essaie de faire, c’est vraiment changer le narratif. Je ne veux pas mettre la pression sur l’élève. Je tourne la pression, je la mets sur moi. J’explique aux élèves : « Le but de l’évaluation, ici, n’est pas vraiment pour vous en tant que tel, mais pour que, moi aussi, en tant qu’enseignant, je puisse m’améliorer. Comment est-ce que je peux faire pour que mon enseignement puisse venir vous rejoindre? »

En vous évaluant, en évaluant ce que j’ai enseigné, ça me permet de changer ce que j’ai mal enseigné, où je pensais que la sauce n’a pas collé comme il faut. J’essaie souvent de changer ce narratif-là juste pour essayer de ne plus mettre la pression sur eux, mais de la mettre pour moi, en leur disant : « Je vous évalue parce que je veux voir : « Est-ce qu’il y a des choses que j’ai manquées? Est-ce qu’il y a des choses que je peux mieux faire? » » Souvent, ça calme un peu les élèves en se disant : « Tu sais quoi? Monsieur veut être un bon enseignant. Ça va aller. »

Vincent Poirier 

Le bon vieux classique : « Help me inform you. » Aidez-moi à vous aider.

Idrine Matenda-Zambi

Exactement.

Vincent Poirier 

[RIRE] Alexandre, toi, tu l’entends souvent aussi?

Alexandre Audet

Oui, absolument. Moi, ce que je dis, c’est que tout compte dans une certaine manière. Dans le sens qu’on ramasse des preuves d’apprentissage en vue de porter un jugement à la fin pour mettre une note sur le bulletin. « Je ne vais peut-être pas te donner une note exactement : aujourd’hui, c’est un 3+ que t’as eu. Ce que je vais faire, par exemple, je garde des notes, je garde des traces. Ça me permet de voir ta progression. » Parce qu’on évalue pas seulement le produit final, on évalue aussi, surtout, le processus pour se rendre à la destination.

Idrine Matenda-Zambi

J’aime beaucoup le fait qu’Alexandre dit : « Le processus ». On le regarde de façon régulière. On va revenir pour voir exactement comment est-ce que l’élève est en train de cheminer. C’est très important de garder ça en tête lorsqu’on est en train d’évaluer. Ce n’est pas juste un petit moment, c’est vraiment tout le long. Comment est-ce que l’élève peut démontrer des preuves qu’il a acquis des choses qu’on a enseignées. Ça, c’est très important dans une salle de classe.

Vincent Poirier 

Quand on a des classes avec 30 élèves, avez-vous des trucs pour aider les enseignantes et les enseignants à garder vraiment le fil sur l’évaluation, qui évolue, de chacun des élèves? Comment on fait ça?

Alexandre Audet

La technologie nous aide. Par exemple, moi, toute la rétroaction descriptive que je donne à mes élèves, ça se fait à travers des Google Forms. Il y a des traces de ça. L’élève peut toujours retourner à sa rétroaction. En fait, il doit retourner à sa rétroaction pour l’utiliser et améliorer son travail. Ça, c’est une manière que je garde des traces. Je sais exactement : « L’élève n’avait pas bien fait son introduction dans tel texte. » Là, on peut savoir qu’au prochain texte il sait qu’il faut qu’il focusse sur son introduction, par exemple.

Vincent Poirier 

Même chose chez toi?

Idrine Matenda-Zambi

Tout à fait. Je vais renchérir avec ce qu’Alexandre a dit. À un enseignant qui débute, une enseignante qui débute, par exemple, je leur conseillerais d’embrasser la technologie le plus rapidement possible. Ça, c’est quelque chose qui va beaucoup faciliter la vie avec, comme par exemple, des rétroactions descriptives que tu peux obtenir et que tu n’as pas besoin de faire des efforts d’aller les chercher directement. Ils seront là, ils vont rester, les preuves vont rester, et tu peux toujours retourner et puis avoir des discussions, des conversations avec tes élèves. Savoir exactement : Okay, où est-ce qu’ils se situent? Où est-ce que je pense que je peux les amener?

C’est quelque chose qui est très important aussi lors des évaluations, garder des traces pour que tu puisses savoir exactement où est-ce que ton élève est rendu et où est-ce que tu aimerais qu’il puisse se rendre au moyen des conversations.

Vincent Poirier 

C’est fort. On termine ça avec une citation. Vous me dites si vous trouvez qu’il y a un lien avec l’apprentissage des élèves. « Ce n’est pas parce qu’on mesure souvent une plante qu’elle grandit davantage. » Est-ce qu’il y a un lien avec l’apprentissage des jeunes?

Alexandre Audet

Moi, je pense que tout à fait parce que, comme j’le dis souvent, l’apprentissage, ça prend du temps. Parfois, on va enseigner quelque chose à un élève, mais l’éclair de génie va se faire– une couple d’années plus tard, l’élève va allumer, va dire : « Oui, c’est vrai, Monsieur avait parlé de ça. » Tu peux vouloir faire sept-huit évaluations en écriture pour un semestre, mais ça ne donnera pas grand-chose. On est mieux de viser la qualité de nos évaluations plutôt que la quantité.

Idrine Matenda-Zambi

Tout à fait, tu as vraiment raison. Moi, ça me fait penser souvent à l’adage qui dit, par exemple : « La personne qui a planté un pommier n’a pas vécu en vain. » Ce que je veux dire, c’est que la pomme que tu manges aujourd’hui, ce n’est pas toi qui l’a plantée. Il y a sûrement quelqu’un qui l’a plantée il y a de cela 20 ans. C’est très important de voir le même processus, comme Alexandre disait au niveau de l’évaluation. Oui, tu regardes quelque chose maintenant, mais c’est tout un cheminement que tu vas faire avec tes élèves.

Il y a des choses que tu vas planter aujourd’hui, que tu vas récolter plus tard, que d’autres enseignants vont voir, que d’autres éducateurs dans 10 ans, dans 15 ans, vont essayer de voir. C’est exactement le même cheminement. On commence quelque chose maintenant, mais petit à petit, nos élèves vont cheminer, et au moyen des évaluations, au moyen des rétroactions descriptives, ils vont se rendre là où on veut. Le plus important, c’est de donner des évaluations qui sont bienveillantes et qui favorisent le bien-être des élèves dans la salle de classe. C’est ça le plus important, pour moi.

Vincent Poirier 

Tout à fait. On sème des graines, c’est ça qu’il faut se rappeler. Merci beaucoup, les gars, c’est tout le temps qu’on a. Ce que je retiens de ce que vous avez dit, c’est un, patience, organisation dans la gestion de nos évaluations, mais aussi écoute et flexibilité par rapport aux différents besoins de nos jeunes. Idrine et Alexandre, merci énormément d’avoir pris le temps aujourd’hui.

Pour ceux qui nous écoutent, si vous cherchez d’autres appuis, d’autres conseils, laissez-moi vous diriger vers le site Web moijenseigne.ca. J’en ai parlé tantôt. Le but, c’est vraiment de vous offrir un accompagnement sur mesure, à vous les enseignants et enseignantes franco-ontariens, franco-ontariennes. Il y a d’autres causeries pédagogiques comme celle-ci. Il y a des vidéos d’autoformation, dont un spécifiquement sur l’évaluation. Il y a un service de mentorat, il y a un service d’appui. Tout ça au moijenseigne.ca. Je m’appelle Vincent Poirier. Merci d’avoir été là. À la prochaine!

Idrine Matenda-Zambi

Merci.

Description sonore

On entend une musique instrumentale.

Description visuelle

Logo « Moi, j’enseigne! » et titre « Appui au personnel enseignant ».

Logo du Centre franco, drapeau franco-ontarien, logo du gouvernement de l’Ontario et celui du gouvernement de l’Ontario.

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