Afficher la liste des articles de blogue

Ils changent sans cesse… Et moi aussi… Heureusement!

Un jour, je suis revenue d’un congé de maternité. J’avais été absente du monde des ados pendant une année scolaire. J’avais plutôt décroché du milieu et il n’y avait pas d’adolescents dans mon entourage à ce moment-là. J’ai été frappée, à mon retour, par la vitesse à laquelle le contexte dans lequel évoluaient les adolescents s’était transformé. C’est comme si je ne reconnaissais pas les élèves que je retrouvais. Ils utilisaient des expressions qui m’étaient inconnues. Ils faisaient référence à des chansons que je ne connaissais pas. Ils parlaient de jeux vidéo dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Ils se synchronisaient parfaitement dans des chorégraphies en me donnant l’impression que j’étais née au siècle dernier alors que je n’avais que 27 ans! Vous savez, l’enseignant qu’on a tous eu lorsqu’on était nous-mêmes à l’école, qui ne savait pas trop comment utiliser le lecteur VHS… Étais-je devenue cette enseignante? À 27 ans?

Bon, c’était peut-être normal, me direz-vous. Celles et ceux qui sont devenus parents savent combien la naissance d’un enfant et la création d’une nouvelle bulle familiale peuvent en quelque sorte arrêter le temps.

Or, au-delà de nos références communes qui s’étaient estompées, c’était le fait qu’ils réagissaient différemment aux activités que je proposais à des élèves du même âge à peine un an plus tôt qui me fascinait le plus sur le plan professionnel. Jusque-là, j’adaptais sans doute mes stratégies, sans trop m’en rendre compte, en suivant le rythme de l’évolution de mes élèves, comme on devrait tous le faire quand on connaît bien ses élèves et les approches qui fonctionnent le mieux avec eux. Revenir après un congé m’a rappelé l’importance de me questionner en tant qu’enseignante et d’adapter mon approche et mes stratégies d’enseignement. Cela m’avait aussi fait prendre conscience de la vitesse à laquelle l’univers des jeunes peut se transformer.

J’ai adoré cette prise de conscience, parce qu’elle m’a amenée à progresser et à me renouveler; à m’informer et à me former aussi. On m’a souvent rappelé dans ma carrière que personne ne confierait aujourd’hui sa voiture à un mécanicien qui persiste à pratiquer comme s’il s’occupait de la Chevrolet Caprice  1985 de mon père. Pas plus que l’on ne confierait sa santé à un médecin qui ne se tient pas à la fine pointe de son domaine. Quelques années plus tard, je souhaite à mon fils, qui fréquente désormais l’école, d’être accompagné d’enseignants qui se tiennent à jour et développent des compétences adaptées au contexte dans lequel il grandit plutôt que par des enseignants qui s’entêtent à reproduire des manières de faire d’une autre époque.

Sans réinventer la roue, il est essentiel de se questionner et de se perfectionner sur le plan professionnel pour offrir une pratique enseignante qui accueille les habiletés, les champs d’intérêt et les besoins des élèves, et qui est en adéquation avec les valeurs de la société dans laquelle on évolue. Je pense aujourd’hui que c’est cette attitude encline à la croissance professionnelle qui fait de nous les meilleurs enseignants.

Joëlle