Je me souviens encore d’une de mes toutes premières rencontres de parents. C’est comme si c’était hier. Pourtant, il y a bien de cela trois décennies! Un parent s’était montré plus ou moins heureux du résultat chiffré inscrit au bulletin de sa préadolescente pour une certaine matière.
Dès les premières secondes de notre entretien, ce papa semblait tout remettre en question, y compris quelques-unes de mes décisions en matière de planification et d’évaluation. Le cœur dans la gorge, je me souviens d’avoir invité le parent à s’exprimer en premier à cet effet. J’avoue que cette stratégie a été gagnante. Elle m’a donné quelques minutes pour reprendre mon sang-froid et m’a probablement aidé aussi à mieux structurer et à communiquer ma pensée pour le reste de notre entretien.
J’étais bien préparée pour cette soirée. J’avais à portée de la main une fiche pour chacune et chacun de mes élèves avec quelques observations, points forts et prochaines étapes à aborder dans mon échange avec leurs parents. De plus, je m’étais rappelé les sages propos d’une collègue chevronnée bien estimée par la communauté scolaire. Elle prônait que, dans toute rencontre de parents, l’on devait :
- se placer dans une position d’accueil du parent, et ce, dans le plus grand respect possible;
- faire preuve d’écoute active quant aux idées et, possiblement, aux inquiétudes et aux frustrations communiquées par ceux-ci;
- adopter une disposition réelle et authentique et trouver avec le parent des pistes de solution au problème exposé;
- montrer une attitude positive à l’égard du cheminement de l’enfant, en faisant état des réussites, des progrès et des prochaines étapes à franchir
Et, tout à coup, le parent de me dire : « Peu importe ce que je te dirai, la note ne changera pas et ce n’est pas si grave, et elle n’a pas tant d’importance à ce niveau scolaire. Ce que je veux vraiment savoir c’est… Est-ce que ma fille écoute et participe en classe? S’entend-elle bien avec les autres et respecte-t-elle les règlements? ». En bon père de famille, il donnait préséance au « savoir-faire » et au « savoir-être » de son enfant, les priorisant à son « savoir » tout court.
Cette simple rencontre, que j’ai eu la chance d’avoir tôt dans ma carrière, m’a appris une précieuse leçon : la réussite d’une enfant ou d’un enfant ne se mesure pas seulement à ses notes au bulletin. Les habiletés d’apprentissage et les habitudes de travail qu’elle ou il développe avec l’appui de son enseignante ou de son enseignant sont tout aussi importantes pour atteindre son plein potentiel et devenir une ou un adulte responsable qui sera prête ou prêt à affronter de pied ferme les défis du monde de demain.
Chantal